Depuis mars, le gouvernement du Québec affirme que les personnes ayant déjà été infectées n’ont besoin que d’une dose d'un des vaccins disponibles contre la COVID-19.
Sur le site du gouvernement, on indique d’ailleurs que la 2e dose n’apporte aucune protection supplémentaire pour ces personnes
, tout en ajoutant qu’il n’y a pas de danger à administrer deux doses à quelqu’un qui a eu la COVID-19, [bien que] le risque d’avoir des réactions indésirables est plus élevé
.
En conséquence, une grande partie des Québécois infectés n’ont pas pris de rendez-vous pour la deuxième dose, croyant ne pas y être admissibles.
Mais dans les faits, et même si cela n'est pas explicitement indiqué sur le site du gouvernement, il est déjà possible pour un Québécois auparavant infecté de recevoir deux doses.
Avec un consentement éclairé, il est possible de recevoir deux doses si on le souhaite
, affirme par courriel le ministère de la Santé du Québec, précisant que pour les personnes immunosupprimées qui ont fait la COVID-19, deux doses sont recommandées
.
Ainsi, une personne qui a eu la COVID-19 ne sera pas refusée si elle désire une deuxième dose de vaccin; elle peut se présenter à une clinique sans rendez-vous ou prendre rendez-vous.
Benoit Barbeau, professeur au Département des sciences biologiques de l'UQAM et spécialiste en virologie, croit que ce manque de clarté du gouvernement envoie le mauvais message à la population.
Le Québec pousse pour que les gens se fassent vacciner, mais on dit à quelqu’un qui a été infecté qu’il n’a pas besoin d’une deuxième dose. Ce n'est pas un message facile à comprendre…
, déplore-t-il.
D'autant plus que cette approche québécoise commence à devenir problématique, puisque plusieurs pays, dont le Canada, indiquent qu’il faudra avoir une preuve que l'on a eu deux vaccins pour voyager et éviter la quarantaine.
Donc, une dose ou deux?
Il n’y a pas de doute qu’une personne infectée par la COVID-19 développe une certaine réponse immunitaire naturelle contre la maladie, mais il existe encore certaines questions quant à la période durant laquelle elle persiste.
Il y a trop de facteurs qui pourraient faire en sorte que le niveau de protection est moindre si une personne infectée ne reçoit pas deux doses
, dit M. Barbeau.
Mais il est encore difficile de dire avec certitude si ces deux doses sont vraiment nécessaires pour une personne infectée, ajoute-t-il.
Selon la pédiatre et microbiologiste-infectiologue au CHU Sainte-Justine, la Dre Caroline Quach, la réponse immunitaire naturelle à la suite d’une infection semble durer au moins six mois. Et une dose du vaccin semble amplifier suffisamment la réponse immunitaire pour offrir une protection adéquate contre la maladie.
On sait que ceux qui ont eu la COVID-19 et qui ont reçu une première dose avaient une excellente réponse immunitaire, similaire à celle obtenue après deux doses
, affirme ainsi la Dre Quach, qui jusqu'à récemment présidait le Comité consultatif national de l'immunisation (CCNI).
Si, en théorie, une infection devrait protéger contre une seconde infection, il y a certains facteurs qui doivent être pris en considération, souligne M. Barbeau.
Par exemple, si la réponse immunitaire à la suite d’une infection semble durer plusieurs mois, il n’y a pas de garantie que cette immunité naturelle protège éternellement, particulièrement contre certains variants.
Qu’en est-il des personnes qui ont été infectées au début de la pandémie, soit il y a plus d'un an? Leur reste-t-il suffisamment d’anticorps? Difficile à dire, disent la Dre Quach et M. Barbeau.
De plus, l’immunité naturelle acquise après une infection n’est pas nécessairement la même d'une personne à l’autre, précise ce dernier.
Plus les gens sont malades au moment de leur infection, plus la réponse immunitaire est forte, explique-t-il. Ainsi, une personne qui a été déclarée positive mais qui était asymptomatique n’a peut-être pas développé suffisamment d’anticorps et pourrait nécessiter une deuxième dose, dit M. Barbeau.
Si vous pensez avoir été infecté mais n’êtes pas sûr, je ne me fierais pas trop là-dessus [l’immunité naturelle acquise par l’infection] pour ne pas prendre une deuxième dose
, avertit-il.
Compte tenu de toutes ces incertitudes, Benoit Barbeau croit qu’il serait plus sage de donner les deux doses aux personnes qui ont été infectées.
Je crois qu’il vaudrait mieux y aller avec deux doses; la protection va être assurée.
Dre Quach estime tout aussi que les personnes infectées n’ont pas à craindre une deuxième dose et qu’elles peuvent l’exiger, surtout si elles songent à voyager.
La 2e dose est peut-être futile chez certaines personnes [qui ont été infectées], mais elle n’est pas dangereuse. Nous savons que ceux qui ont été infectés et qui ont reçu deux doses n’ont pas beaucoup plus d’effets secondaires
, fait-elle valoir.
Le Québec fait bande à part
Ailleurs au pays, les Canadiens qui ont été infectés reçoivent deux doses. D’ailleurs, le CCNI recommande lui aussi deux doses pour les plus de 1,4 million de Canadiens antérieurement infectés.
Aux États-Unis, le CDC recommande aussi deux doses. Et dans le monde, seuls la France et Israël ne donnent pas de deuxième dose du vaccin aux personnes antérieurement infectées.
La décision du Québec d'emprunter le même chemin que la France avait été prise dans la foulée de la pénurie de vaccins survenue au printemps et résorbée depuis.
Une deuxième dose est-elle nécessaire pour ceux qui ont eu la COVID-19? | Coronavirus - Radio-Canada.ca
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