XCheck
Facebook « sait mieux que quiconque » que sa plateforme comporte des failles et cause du tort à des utilisateurs, mais ne les règle pas, révèle une récente enquête du Wall Street Journal s’appuyant sur des documents internes de l’entreprise. Entre autres, le quotidien note l’existence d’un programme secret baptisé XCheck qui permet à des millions de célébrités, de politiciens et d’autres usagers de transgresser les règles de Facebook et de diffuser du contenu qui incite à la violence, ou qui s’apparente à du harcèlement, sans que cela soit bloqué par le système.
32 %
C’est la proportion d’adolescentes qui ont dit que le fait de consulter Instagram lorsqu’elles ne se sentaient pas bien à propos de leur corps les « faisait se sentir pire », selon une recherche interne réalisée par Instagram (propriété de Facebook) révélée par le Wall Street Journal.
Changements néfastes
L’enquête montre qu’un changement annoncé par Facebook à son algorithme en 2018 pour améliorer sa plateforme et le bien-être des utilisateurs, en favorisant les interactions entre amis, et rehausser l’engagement a plutôt causé du tort aux utilisateurs. « Au sein de l’entreprise, des documents montrent que des employés ont averti la direction du fait que ce changement avait l’effet inverse : il rendait Facebook, et ceux qui l’utilisaient, plus en colère. Selon les documents, M. Zuckerberg s’est opposé à certains correctifs proposés par son équipe, car il craignait qu’ils n’incitent les gens à moins interagir avec Facebook », écrit le Wall Street Journal.
Chaque fois qu’ils sont accusés, les dirigeants de Facebook nient et disent mettre en place énormément d’outils pour s’assurer que l’expérience soit positive pour l’utilisateur. Mais ça n’enlève pas le fait qu’année après année, des études des grandes universités montrent que l’utilisation des réseaux sociaux peut être néfaste… Comme les réseaux font leur argent avec l’attention des gens, leur incitatif est d’avoir plus d’attention, pas moins.
Bruno Guglielminetti, animateur de l’émission balado d’actualité numérique Mon carnet et consultant en communication numérique
3 milliards
C’est le nombre d’utilisateurs de Facebook dans le monde en 2021.
Traite d’êtres humains
Des employés de Facebook ont également signalé à la direction que des trafiquants d’êtres humains au Moyen-Orient utilisaient le site pour attirer des femmes dans des situations d’emploi abusives, et aussi prévenu que des groupes armés en Éthiopie utilisaient le site pour inciter à la violence contre les minorités ethniques, selon l’enquête du Wall Street Journal. « Ils ont envoyé des alertes à leurs patrons concernant la vente d’organes, la pornographie et les actions gouvernementales contre la dissidence politique. Dans de nombreux cas, la réponse de l’entreprise était inadéquate ou inexistante », note le quotidien.
Facebook au Québec et au Canada
92 % des jeunes
Chez les jeunes Canadiens (de 15 à 19 ans), 92 % disent utiliser régulièrement les réseaux sociaux. De ce nombre, 84 % le font pour suivre les activités des amis et des membres de la famille, 60 % pour partager du contenu avec des amis et des membres de la famille, 33 % pour partager du contenu publiquement et 62 % pour suivre les actualités, selon Statistique Canada.
27 millions
C’est le nombre d’utilisateurs de Facebook au Canada en 2021. Selon les prévisions, ce nombre devrait croître pour atteindre 36 millions en 2026.
Source : Statista
70 %
C’est la proportion d’adultes québécois qui utilisent Facebook, selon les plus récentes données publiées en 2019 par le Centre facilitant la recherche et l’innovation dans les organisations (CEFRIO).
L’encadrement par l’État est-il la solution ? L’alcool est un produit très encadré par l’État, et ça n’empêche pas des gens de se rendre soûls et malades. […] Ce que l’État peut faire, c’est de s’assurer qu’il y ait de l’éducation auprès des gens qui utilisent les réseaux sociaux, et les géants technologiques pourraient financer cette éducation-là.
Bruno Guglielminetti, animateur de l’émission balado d’actualité numérique Mon carnet et consultant en communication numérique
Que répond Facebook ?
Nick Clegg, vice-président des affaires mondiales de Facebook, a critiqué le travail du Wall Street Journal. Dans un billet publié sur le site de l’entreprise, il a accusé les journalistes d’avoir présenté une image incomplète des efforts que fait Facebook pour améliorer sa plateforme. « Facebook est consciente de l’importante responsabilité que représente l’exploitation d’une plateforme mondiale. Nous la prenons au sérieux et nous ne craignons pas l’examen et la critique. Mais nous rejetons fondamentalement cette caractérisation erronée de notre travail et cette mise en doute des motivations de l’entreprise. J’aimerais qu’il y ait des réponses faciles à ces problèmes, et que les choix que nous pourrions faire ne soient pas accompagnés de compromis difficiles. Ce n’est pas le monde dans lequel nous vivons. Nous continuerons d’investir dans la recherche sur ces problèmes graves et complexes. Nous continuerons à nous poser les questions difficiles. Et nous continuerons à améliorer nos produits et services en conséquence. »
Mark Zuckerberg : plus d’excuses
Le mois dernier, le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, a donné son aval à un projet visant à ce que des histoires positives au sujet de Facebook apparaissent dans le fil d’actualités des utilisateurs, selon le New York Times. « L’idée est d’améliorer l’image [de Facebook] aux yeux de ses utilisateurs », écrit le quotidien. Plus tôt cette année, l’équipe des communications de Facebook a fait circuler à l’interne un document dans lequel elle discutait des façons de « cesser d’être conciliants et de s’excuser » lorsque des crises éclataient, et aussi de créer une distance entre les scandales et Mark Zuckerberg, de façon à redorer son image auprès du public et à le présenter comme un « innovateur ».
Facebook dans la tourmente | La Presse - La Presse
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