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Tuesday, December 28, 2021

La pandémie, une leçon scientifique pour les prochaines crises mondiales | Coronavirus - Radio-Canada.ca

Une biologiste regarde dans un microscope.

Les travaux continuent dans le monde entier pour mieux comprendre le SRAS-CoV-2.

Photo : getty images/istockphoto / Jevtic

La science et la recherche sont au coeur de la pandémie de COVID-19. Après 22 mois de crise, quelles leçons la communauté scientifique en tire-t-elle? Le scientifique en chef du Québec, Rémi Quirion, fait le point sur l'impact de la pandémie sur la science.

Outre les vaccins contre la COVID-19, est-ce que la pandémie a permis certaines avancées scientifiques?

Oui. Avec les avancées des vaccins ARN contre la COVID-19, il y a maintenant beaucoup d'intérêt et d’optimisme pour l'utilisation de l'ARN afin de traiter d’autres pathologies.

Par exemple, il y a beaucoup d’intérêt dans le domaine de la cancérologie et dans la lutte contre le sida. Il faut rappeler qu’on n’a toujours pas de vaccin contre celui-ci après toutes ces années.

En plus des vaccins, il y a des avancées dans des secteurs connexes, comme la purification d’air, les respirateurs, les désinfectants, etc.

Par contre, plusieurs études cliniques dans des secteurs qui ne sont pas reliés à la pandémie ont été au ralenti pendant cette dernière. Il faudra trouver des façons de remédier à ça.

Les chercheurs ont beaucoup collaboré au cours de cette pandémie. Quelles sont les leçons qu’on doit en tirer?

On a fait les choses différemment avec la pandémie. Tout [en science] a été très ouvert depuis le début de la crise sanitaire et les chercheurs ont travaillé, localement et globalement, avec leurs collègues du privé et du public.

Comme le virus, les changements climatiques sont abstraits. Et lors de la COP26, on s’est questionné pour savoir si on peut appliquer la collaboration qui a eu lieu au cours de la pandémie à d’autres secteurs, comme les changements climatiques. Peut-on travailler davantage ensemble pour avoir des solutions innovantes qui peuvent être appliquées de façon pratique sur le terrain?

Ce qu’on a aussi appris pendant la pandémie est que le privé et le public peuvent travailler en étroite collaboration et avoir du succès. On voit qu’on peut faire les choses rapidement et bien. Mais il faut aussi s’assurer que ce soit en science ouverte le plus possible.

Un homme parle devant une caméra.

Rémi Quirion est le scientifique en chef du Québec.

Photo : Radio-Canada / Jean-François Michaud

Pour mieux gérer des crises comme une pandémie ou les changements climatiques, croyez-vous qu’il faut l’apport d’experts d’un plus grand nombre de disciplines?

Oui, il faut utiliser les connaissances des experts de toutes les disciplines : comportement, sciences sociales et humaines, droit, philosophie, culture… Pour plusieurs des grands défis de société, il faut que les experts de ces disciplines prennent la pôle position, se placent à l’avant-plan.

Dans le passé, certains domaines étaient plus en attente et c’est souvent à la 11e heure qu’on leur demandait d’intervenir et d’aider. Il faudrait changer les façons de faire, construire dès le début les programmes de recherche avec l’aide d’experts en comportement, en sciences sociales, etc. Ça devrait être eux qui dirigent les projets. Ça demanderait un changement de culture, mais on a besoin de ça.

Avec plusieurs des défis qui nous attendent, oui, la technologie est importante, mais ils nécessitent des changements dans la société.

Il faut continuer de financer tous les domaines parce qu’on ne sait pas quelle sera la prochaine catastrophe. Si c’est un tremblement de terre, on aura besoin de géologues.

Doit-on augmenter le financement de la recherche?

Plusieurs gouvernements dans le monde et le Fonds monétaire international [FMI] ont dit que, pour sortir de cette pandémie et assurer une reprise économique, il faut investir davantage en recherche fondamentale et innovante. Par exemple, aux États-Unis, on a doublé le budget du National Science Foundation (NSF) et on a adopté une stratégie un peu comme durant la Deuxième Guerre mondiale. C’est comme ça qu’on va s'en sortir.

J’espère que le Québec et le Canada vont suivre. Il le faut, si on veut rester compétitif et si on veut former la prochaine génération de chercheurs et les garder ici.

Quel est le rôle du public dans la recherche scientifique?

On parle beaucoup d’innovation, de technologie, de recherche fondamentale, mais on doit aussi parler d’innovation sociale. On peut avoir un beau joujou technologique, mais si personne n’en veut, on perd notre temps. Par exemple, lorsque les organisme génétiquement modifié ont été développés, le public a dit : on n’en veut pas. On pouvait répéter que c’était sécuritaire, ça ne donnait rien.

Il faut ce que j’appelle de l’innovation citoyenne, ou inversée. On part du terrain, de nos concitoyens. Ils ont peut-être de bonnes idées qu’on pourrait essayer. Les citoyens, après tout, connaissent mieux leur quartier, leur milieu de vie qu’un gouvernement. En faisant appel à l’intelligence citoyenne, on pourrait trouver des solutions plus concrètes, plus terrain.

Pendant la pandémie, on a vu beaucoup d’études publiées sur le web avant d'être révisées par des pairs. Est-ce une bonne pratique?

La pandémie a accéléré le mouvement de l’accès libre aux données. Je pense que c’est là pour rester. On va trouver des façons de faire optimales. Par exemple, les médias font de plus en plus attention de ne pas faire les manchettes avec une seule étude en prépublication.

Ces études ne sont pas nécessairement accessibles au grand public parce qu’il y a un jargon particulier. Il faut qu’elles soient bien expliquées. Il faut améliorer la communication scientifique et, déjà, les universités ont compris qu’on doit en faire plus pour donner une base solide au public.

Comment améliorer la communication scientifique alors qu'il y a une méfiance grandissante envers les experts?

On a constaté pendant la pandémie que nos concitoyens sont curieux de la chose scientifique. Ils ont compris que ce n’est pas simple.

Notre défi est d’associer des citoyens et des chercheurs dans certains programmes pour qu’ils comprennent davantage la méthode scientifique. On doit construire un argumentaire scientifique lentement et avoir de nombreux allers-retours. Ce n’est pas le résultat du jour qui est le plus important, c’est le processus, la validation de données. Une meilleure connaissance de cette approche pourrait réduire la désinformation.

Je crois qu’il faut mettre l'accent sur la littératie numérique et scientifique. Ça ne peut pas commencer à l'université. Il faut avoir des approches plus engageantes pour éviter que les jeunes disent : j’aime pas ça, les mathématiques. 

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