Les champs électromagnétiques sont une source de préoccupations depuis plusieurs années. Pour mieux discerner le vrai du faux, le Détecteur de rumeurs résume ici ce qu’il faut savoir à leur sujet.
1) Qu’est-ce qu’un champ électromagnétique?
Tout atome dans l’Univers est composé au minimum de protons et d’électrons. Ces particules ont une charge électrique (respectivement positive et négative). Et n’importe quelle particule chargée produit un champ électrique. Dans le cas de l’électron, le champ électrique correspond à la force avec laquelle un électron en repousse un autre à un endroit précis.
Lorsque les particules chargées se déplacent, comme dans le cas d’un courant électrique, elles créent un champ magnétique. Un champ magnétique qui varie peut lui aussi générer un champ électrique.
Autrement dit, les champs magnétiques et électriques sont intimement liés et composent les champs électromagnétiques. Lorsqu’ils se propagent dans l’espace, ces champs prennent la forme d’ondes.
2) Quelles sont les sources des champs électromagnétiques?
Les champs électromagnétiques sont donc présents partout sur notre planète et dans le cosmos. On n’a qu’à penser au champ magnétique qui entoure la Terre ou aux champs électriques générés dans l’atmosphère par les orages. De plus, toute forme de matière émet un rayonnement électromagnétique. C’est entre autres le cas du sol et du corps humain.
Avec les technologies modernes, il existe depuis un siècle et demi des sources artificielles de champs électromagnétiques, dont les fréquences sont beaucoup plus basses que celles qu’on peut trouver dans la nature: lignes de transmission, appareils électroménagers et courants électriques dans nos maisons. Les antennes de radio ou de télévision, les routeurs internet sans fil, les téléphones cellulaire, les fours micro-ondes, entrent aussi dans cette catégorie.
3) Comment mesure-t-on le niveau d’énergie des ondes?
Le déplacement d’un champ électromagnétique se fait donc sous la forme d’une onde. On illustre fréquemment ces ondes comme des lignes sinueuses avec un « sommet » et un « creux ». On parle tantôt de « longueur d’ondes », qui est la distance entre deux « sommets », tantôt de « fréquence », qui est le nombre de « sommets » par seconde. Par conséquent, plus la longueur d’ondes est courte — la distance entre deux sommets — plus la fréquence est élevée.
Il faut aussi savoir que plus la fréquence d’une onde électromagnétique est élevée, et plus son niveau d’énergie est grand. Cela permet de séparer les rayonnements électromagnétiques en deux catégories.
Hautes fréquences: à l’extrémité la plus élevée du spectre, on retrouve les rayonnements appelés « ionisants » comme les ultraviolets, les rayons X et les rayons gamma. Selon l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), seuls ceux-ci possèdent suffisamment d’énergie pour briser des molécules organiques telles que l’ADN.
Basses fréquences: à l’autre extrémité, on retrouve les radiations de types non ionisantes. Ce terme signifie que les ondes comprises dans cette portion du spectre électromagnétique ne disposent pas de l’énergie nécessaire pour « ioniser » les atomes et les molécules, c’est-à-dire « briser » leurs liaisons chimiques: leur influence est plutôt liée à la chaleur qu’ils émettent (« l’effet thermique »). On retrouve dans cette catégorie, les radiofréquences (comme celles de la 5G), les micro-ondes et la lumière que nous pouvons tous voir. C’est ce faible niveau d’énergie qui fait que ces types de rayonnements sont considérés sans danger pour la santé.
4) L’intensité varie en fonction de la distance?
De plus, rappelle l’OMS, le champ électromagnétique diminue rapidement lorsqu’on s’en éloigne. À ce sujet, il faut savoir que, dans le cas des appareils ménagers, dès qu’on se trouve à plus de 30 cm, l’intensité du champ est très inférieure aux normes fixées pour éviter les effets thermiques.
Par ailleurs, l’intensité du rayonnement électromagnétique des antennes de radio ou de télévision, des routeurs internet sans fil ou des fours micro-ondes, est relativement faible en comparaison à celle du téléphone cellulaire ou du téléphone sans fil, observe l’INSPQ. En effet, l’exposition est plus grande avec ces appareils puisqu’ils sont utilisés à proximité du corps.
5) L’exposition aux champs électromagnétiques a-t-elle augmenté?
L’OMS explique par ailleurs que l’exposition aux champs électromagnétiques a augmenté graduellement au cours du 20e siècle en raison de la hausse de la demande énergétique et des progrès de la technologie. Cependant, notait l’INSPQ en 2016, l’arrivée de nouvelles technologies de téléphonie mobile dans les dernières années, n’aurait pas contribué à accentuer l’exposition aux radiofréquences, comparativement à l’arrivée des premiers systèmes dans les années 1980 « qui l’avaient fait augmenter de manière notable ». Par ailleurs, selon un autre document de l’INSPQ, spécialement consacré à la 5G, l’arrivée de cette dernière ne devrait pas changer de façon importante l’exposition aux radiofréquences, parce que la technologie mise sur une multiplication d’antennes qui diffuseront, sur de courtes distances, des ondes d’intensité beaucoup plus faible.
6) Quels sont les effets connus de l’exposition aux champs électromagnétiques?
Il faut rappeler qu’après des décennies de recherches sur le sujet, le principal effet biologique des champs électromagnétiques à avoir été mesuré dans le corps humain, est de nature thermique —autrement dit, la chaleur.
Lorsque l’intensité d’exposition est très élevée, ces champs pourraient en effet faire augmenter la température du corps, selon la Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants (ICNIRP). Si l’exposition est très localisée, elle pourrait causer de la douleur et des brûlures. De plus, des chercheurs italiens qui se sont penchés sur les risques pour les travailleurs d’être exposés à des champs électromagnétiques, notent que la chaleur pourrait aussi conduire à l’apparition de cataractes dans les yeux.
Cependant, à des niveaux d’exposition faibles comme ceux auxquels nous sommes exposés quotidiennement, la chaleur générée n’est pas suffisante pour provoquer ce genre de dommages, remarque l’ICNIRP.
L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) souligne d’ailleurs que l’on connaît bien l’effet des radiofréquences lorsque les niveaux sont très élevés. Ces connaissances ont été utilisées par des organismes réglementaires pour établir des limites. Or, le rayonnement produit par les technologies qui nous entourent est beaucoup plus faible que les limites permises.
Dans son document de 2016, l’OMS note aussi que les champs électromagnétiques de basse fréquence sont généralement trop faibles pour affecter la santé. « Au cours des 30 dernières années, environ 25 000 articles scientifiques ont été publiés sur les effets biologiques et les applications médicales des rayonnements non ionisants… Les données actuelles ne confirment en aucun cas l’existence d’effets sanitaires résultant d’une exposition à des champs électromagnétiques de faible intensité. »
L’INSPQ reconnaît toutefois qu’une certaine incertitude scientifique persiste à propos des effets potentiels à long terme du téléphone cellulaire. Par exemple, une étude publiée en 2020 par le National Toxicology Program des États-Unis a observé que l’exposition à de hautes doses de radiofréquences était associée à l’apparition de tumeurs chez les rats. Cependant, ces résultats ne sont pas nécessairement applicables à l’humain puisque le niveau et la durée d’exposition étaient nettement supérieurs à ce qui se passe lors de l’utilisation d’un téléphone.
7) La peur des champs électromagnétiques avait-elle commencé avant les téléphones cellulaires?
Si on remonte aux années 1980, on peut attribuer cette peur à deux auteurs, qui s’intéressaient, eux, aux lignes à haute tension. L’épidémiologiste David Savitz, l’auteur de la première étude, en 1987, laissant planer la possibilité d’un taux accru de cancers chez les enfants, et surtout, le journaliste américain Paul Brodeur. Ce dernier fit de ce sujet son cheval de bataille jusqu’en 1992 et publia plusieurs textes affirmant l’existence d’une association entre lignes à haute tension et leucémies chez les enfants.
Toutes les études de santé publique subséquentes allaient démontrer qu’il n’y avait pas plus de leucémies dans les quartiers situés à proximité des lignes à haute tension. Même David Savitz a reconnu que les données obtenues après la parution de son étude, permettaient de tourner la page.
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