Chiffres de ventes, rachats de studios, bilans financiers, mercato des développeurs, investissements… si ces sujets vous intéressent, vous êtes au bon endroit. Nous vous proposons un point sur l'actualité business de la semaine écoulée.
Sommaire
- Epic Games contraint de payer des centaines de millions de dollars
- Microsoft et Activision s'en prennent à la FTC !
- John Carmack et quitte Meta, c'est fini !
- Des joueurs attaquent Microsoft en justice au sujet du rachat d'Activision Blizzard
- En bref dans l'actualité business de la semaine
Epic Games contraint de payer des centaines de millions de dollars
Il ne fait pas bon être dans le collimateur de la FTC, la Federal Trade Commission. Cet organisme américain, qui a décidé de porter le rachat d'Activision Blizzard King par Microsoft devant le tribunal administratif, vient d'infliger une amende de, tenez-vous bien, 520 millions de dollars à Epic Games, après plusieurs avertissements.
L'éditeur de Fortnite aurait manqué à ses devoirs en collectant des données auprès de joueurs ayant moins de 13 ans sans le consentement des parents, et utilisé des techniques visant à inciter ce jeune public à dépenser de l'argent. Ces techniques sont connues sous le terme de Dark Pattern, et ont pour particularité de pousser à la dépense par des moyens détournés. Cette pratique est interdite dans le cadre de la loi COPPA (Children's Online Privacy Protection Act) et a poussé la FTC à condamner Epic Games à payer 275 millions de dollars au Trésor américain.
A ces 275 millions de dollars, s'ajoutent 245 autres millions, qui seront utilisés dans le cadre de remboursements. La somme parait énorme, et elle l'est. C'est tout simplement la plus lourde amende jamais infligée par la FTC, qui a également exigé de nouvelles garanties de la part d'Epic Games. L'éditeur devra donc s'assurer que les paramètres de confidentialité pour les enfants et les adolescents, ainsi que les communications vocales et textuelles, soient désactivés par défaut.
Des enfants et des adolescents ont été intimidés, menacés, harcelés et exposés à des problèmes dangereux et psychologiquement traumatisants, tels que le suicide, alors qu'ils jouaient à Fortnite.
Quant aux fameux dark patterns, voici ce qu'en dit la FTC dans sa plainte :
Par exemple, les joueurs pouvaient être facturés en essayant de sortir le jeu du mode veille, alors que le jeu était dans un écran de chargement, ou en appuyant sur un bouton adjacent alors qu'ils essayaient simplement de prévisualiser un objet. Ces tactiques ont entraîné des centaines de millions de dollars de frais non autorisés pour les consommateurs. Grâce à des tests internes, Epic a délibérément masqué les fonctions d'annulation et de remboursement pour les rendre plus difficiles à trouver.
Comme le soulignent nos plaintes, Epic a utilisé des paramètres par défaut portant atteinte à la vie privée et des interfaces truquées qui ont trompé les utilisateurs de Fortnite, y compris des adolescents et des enfants. La protection du public, et en particulier des enfants, contre les atteintes à la vie privée en ligne et les interfaces trompeuses est une priorité absolue pour la Commission, et ces mesures montrent clairement aux entreprises que la FTC sévit contre ces pratiques illégales, a ajouté Lina Khan, présidente de la FTC.
Epic Games avait un peu pris les devants en annonçant la mise en place de comptes limités à destination des plus jeunes. Ces derniers devront fournir l'adresse d'un responsable légal pour commencer les démarches permettant d'effectuer des achats en jeu. Au sujet du jugement, Epic a déclaré :
Aucun développeur ne crée un jeu avec l'intention d'en arriver là. Nous avons accepté cet accord parce que nous voulons qu'Epic soit à la pointe de la protection des consommateurs et offre la meilleure expérience à nos joueurs
Microsoft et Activision s'en prennent à la FTC !
On le sait désormais, la FTC compte aller devant le tribunal administratif pour empêcher ou au moins ralentir le rachat d'Activision Blizzard King par Microsoft. Les arguments fusent de toutes parts, et les régulateurs étudient très précisément le dossiers. Que ce soit du côté du Royaume-Uni ou de l'Union Européenne, tout le monde travaille pour rendre un verdict. Outre-Manche, le public, sondé, s'est déclaré à 75% en faveur du rachat, et la Commission Européenne a demandé l'avis des différents concurrents. Mais aux Etats-Unis, le torchon brûle entre Microsoft /Activision Blizzard King, et la FTC. Pour Microsoft, c'est simple, l'action de la FTC va à l'encontre de l'article 2 de la Constitution (lié au pouvoir exécutif) :
Ces procédures sont invalides parce que la structure de la Commission en tant qu’agence indépendante qui exerce un pouvoir exécutif important, et les contraintes associées à la révocation des commissaires et des autres fonctionnaires de la Commission, violent l’article II de la Constitution des États-Unis et la séparation des pouvoirs.
Activision n'y est pas non plus allé de main morte, et dézingue la FTC dans un communiqué séparé. Pour l'entreprise dirigée par Bobby Kotick, la FTC est bloqué dans un "scepticisme idéologique" :
Le fait que la FTC ne tienne pas compte de ces avantages pour les consommateurs et qu’elle se concentre sur les préjudices supposés pour les concurrents de Xbox aux poches profondes trahit une déconnexion fondamentale entre les théories de la FTC et l’objectif sous-jacent des lois antitrust, qui est de protéger la concurrence, et non les concurrents.
La FTC demande à cette Cour de protéger les plus grandes sociétés de jeux vidéo du monde contre la concurrence de la Xbox, et de renverser ainsi la loi antitrust. Aveuglée par un scepticisme idéologique à l’égard des accords technologiques de grande valeur et par les plaintes des concurrents, la FTC a non seulement perdu de vue les réalités de l’industrie du jeu extrêmement concurrentielle, mais aussi les principes directeurs des lois antitrust de notre pays.
Malgré tout, Microsoft reste confiant et indique, par l'intermédiaire de Brad Smith (Président et vice-directeur général), que l'entreprise continue de chercher des "solutions créatives" avec les régulateurs pour "protéger la concurrence, les consommateurs et les travailleurs".
Légende d'Id Software (Doom), John Carmack a pris un nouveau virage en 2013 lorsqu'il a rejoint la société Oculus, qui entend bien démocratiser la réalité virtuelle auprès du grand public. En 2014, il rejoint Facebook (Meta) lorsque l'entreprise de Mark Zuckerberg rachète Oculus. Il devient alors directeur technique consultant et travail au développement des différents casques et des expériences qui les accompagnent.
Mais ces derniers jours, l'homme de 53 ans a annoncé publiquement, via les réseaux sociaux, qu'il démissionnait de ses fonctions pour s'occuper de Keen Technologies, sa start-up menant des recherches sur l'Artificial General Intelligence. Mais à l'inverse de bon nombre de communiqués annonçant un départ, il ne remercie pas directement ses désormais anciens collaborateurs. Au lieu de cela, il exprime une énorme frustration vis-à-vis de la manière dont est gérée la réalité virtuelle chez Meta :
Comme le savent tous ceux qui écoutent mes conférences Connect non scriptées, j'ai toujours été assez frustré par la façon dont les choses se font chez FB/Meta. Tous les ingrédients sont réunis pour connaître un succès spectaculaire, mais ils ne sont pas mis en place de manière efficace. Nous avons un bon produit. Il a du succès, et les produits qui ont du succès rendent le monde meilleur. Tout aurait pu aller un peu plus vite et mieux se passer si des décisions différentes avaient été prises, mais nous avons construit quelque chose d'assez proche de la bonne chose. Le problème est notre efficacité. (...)
En tant que spécialiste de l'optimisation des systèmes, je me soucie profondément de l'efficacité. Lorsque vous travaillez dur à l'optimisation pendant la majeure partie de votre vie, voir quelque chose qui est grossièrement inefficace vous fait mal au coeur. Nous disposons d'une quantité ridicule de personnes et de ressources, mais nous nous auto-sabotons et gaspillons constamment nos efforts. Il n'y a pas d'autre façon de le dire, je pense que notre organisation fonctionne à la moitié de l'efficacité qui me donnerait satisfaction. (...)
Selon lui, Meta serait donc en train de gâcher ses ressources en n'exploitant pas correctement les ressources et les talents qui sont disponibles en grand nombre. Il conclut toutefois en précisant que la réalité virtuelle peut apporter de valeur à la plupart des gens, et qu'aucune entreprise n'est mieux placée que Meta pour y parvenir. Mais si ses paroles sont justes, il faudra encore gagner en efficacité. Quoi qu'il en soit, son départ semble animé par un sentiment de gâchis.
Des joueurs attaquent Microsoft en justice au sujet du rachat d'Activision Blizzard
Alors que Microsoft fait face aux différents régulateurs de la concurrence pour faire valider le rachat d'Activision Blizzard King, qui coûtera près de 70 milliards de dollars. Une somme folle qui incite les régulateurs à faire preuve d'une grande prudence, notamment au regard de la position qu'aurait Microsoft avec une telle entreprise entre les mains. La concurrence directe, incarnée par Sony, fait tout pour bloquer le rachat, avançant notamment l'argument Call of Duty. La licence est multiplateforme et surpuissante, et rapporte beaucoup d'argent aux constructeurs et aux plateformes. Sony craint donc de perdre une manne financière, et explique qu'il est impensable, du point de vue des consommateurs, d'avoir une telle licence entre les seules mains de l'un des principaux acteurs du marché.
Microsoft a déjà annoncé avoir signé des accords avec Nintendo et Valve, et dit volontier à qui veut l'entendre la table des négociations est accessible au constructeur de la PS5. Malgré tout, les régulateurs enquêtent, et la FTC à annoncé son intention d'aller devant le tribunal administratif. L'un des arguments et que Microsoft aurait menti au sujet des exclusivités Bethesda, mais l'Union Européenne a démenti tout engagement de Microsoft à ce niveau là. En bref, publiquement, c'est la pagaille, et il faudra attendre les rapports d'enquêtes approfondies pour y voir plus clair.
Alors qu'on pensait que le soufflet était légèrement retombé, voilà que les joueurs s'en mêlent. Bloomberg indique en effet qu'un groupe de 10 joueurs s'est constitué afin de déposer une plainte antitrust à l'échelle fédérale. Dans la plainte, on apprend que le rachat permettrait à Microsoft "d'exclure les rivaux, limiter la production, réduire le choix des consommateurs, augmenter les prix et entraver davantage la concurrence".
L'acquisition proposée donnerait à Microsoft une position inégalée dans l'industrie du jeu, lui laissant le plus grand nombre de jeux incontournables et de franchises emblématiques. Alors que l'industrie du jeu vidéo continue de croître et d'évoluer, il est essentiel que nous protégions le marché des fusions monopolistiques qui nuiront aux consommateurs à long terme, indique l'avocat des plaignants.
Voilà qui vient rajouter un problème supplémentaire dans les opérations en cours. Cependant, cette plainte à peu de chances d'aboutir, et pourrait n'avoir aucune influence réelle, ni dans un sens, ni dans l'autre ! Notons enfin qu'au Royaume-Uni, 75% des commentaires, postés par le public à la demande de la CMA, sont en faveur du rachat. De son côté, l'Union Européenne a demandé aux concurrents de Microsoft de donner leur avis. Editeurs, constructeurs et développeurs sont concernés par le sondage.
En bref dans l'actualité business de la semaine
- Joe Ziegler, le game director de Valorant, a quitté Riot Games après 12 années de travail. Il file en direction de Chicago, pour rejoindre les effectifs de Bungie.
- TRIANGLE STRATEGY a dépassé le cap du million de copies distribuées dans le monde
- Sur la semaine du 28 novembre au 4 décembre 2022, c'est Pokémon Violet qui domine les ventes en valeur en France selon le SELL. Il est suivi de Pokémon Écarlate, The Callisto Protocol (PS5), FIFA 23 et Mario Kart 8 Deluxe.
- The Legend of Zelda : Tears of the Kingdom a été évalué 10+ par l'ESRB, c'est une étape importante qui indique que le titre ne devrait pas connaître de retard et bien sortir le 12 mai 2023.
- Le SAM 2022 (Stream Against Muco), événement caritatif visant à récolter des fonds pour l'association Vaincre la Mucoviscidose, a récolté 195 308 € lors de sa dernière édition conclue dimanche dernier.
Epic Games, Microsoft Xbox, Meta... les actus business de la semaine - jeuxvideo.com
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