Je veux participer au chaos, où la désarticulation des sensations physiques - Bourdon média collaboratif

Présentée jusqu’au 4 février au Périscope, “Je veux participer au chaos” est une proposition déroutante et réussie, qui offre des tableaux intenses, empreints d’une grâce aussi brute que sensible.

S’appuyant sur une expérience d’accident vécue en 2008, Eliot Laprise creuse le désir intime qui l’amène à vouloir à nouveau ressentir dans sa chair l’intensité physique du moment et tout ce qu’elle lui ouvre comme possibilités d’expérience, dans son rapport à soi et à l’autre. Le corps humain est le premier matériau de cette œuvre dépourvue de texte, au carrefour de la danse contemporaine, de la recherche esthétique et scénographique, “Je veux participer au chaos” se classe très certainement dans la catégorie des OTNI, les objets théâtraux non-identifiés. Raison de plus pour découvrir cette proposition, tout à fait originale et qui aborde le thème de la relation au corps de manière pertinente et intéressante.

Sur scène, les corps se croisent. Corps saccadés qui se percutent et se jettent à terre, corps-accidents qui se désarticulent, corps chancelants qui se relèvent seuls ou par l’entremise d’autres corps, la chorégraphie accentue la douleur physique par la répétition des gestes. Ce travail itératif apparaît comme une tentative de résoudre l’impossible équation qui permettrait d’abattre le mur créé par le corps entre soi et le reste du monde. Le travail physique des interprètes, Sonia Montminy, Nelly Paquentin, Fabien Piché, Léa Ratycz Légaré & Alexandrine Warren offrent une impressionnante performance, que l’on se doit de souligner.

Visuellement, les jeux d’éclairage, la conception et l’intégration de projections vidéo (que l’on doit à Émile Beauchemin) et la musique en direct (remarquable Jean-Michel Letendre Veilleux) plongent le spectateur dans un océan de sensations et d’émotions. À cet égard, le dernier tableau est aussi réussi que fascinant.

“Je veux participer au chaos”, annoncée comme “une recherche punk sur notre conscience de l’autre”, est au final sans doute moins punk que disloquée, ce qui sied tout à fait au propos d’Eliot Laprise. L’œuvre serait tout aussi percutante indépendamment du propos initial de l’accident, et laisser l’imagination des spectateurs libre d’interpréter ce qu’ils voient sur scène. À ce sujet, il est sans doute plus intéressant pour profiter du spectacle d’être un peu en hauteur dans la salle du Périscope.

Informations complémentaires

• Billets et compléments autour du spectacle
• Idée originale, mise en scène et réalisation vidéo: Eliot Laprise
• Chorégraphie: Eliot Laprise, Fabien Piché & Ariane Voineau
• Lumière, conception et intégration vidéo : Emile Beauchemin
• Scénographie et costumes : Vanessa Cadrin
• Direction musicale & Disque Jockey live: Jean-Michel Letendre Veilleux
• Direction de production: Hélène Rheault
• Interprétation et collaboration à la création: Sonia Montminy, Nelly Paquentin, Fabien Piché, Léa Ratycz Légaré & Alexandrine Warren

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