(Washington) Des robots et programmes capables de stimuler affectivement et par les sens des patients souffrant de maladie mentale sont sur le point d’arriver sur le marché. Le psy pourrait-il être remplacé par l’informatique ?
Tanzeem Choudhury navigue sur un itinéraire délicat : non, elle ne veut pas enlever l’accès à des psychothérapeutes à qui en a besoin. Mais elle aimerait aider ceux qui ne veulent ou ne peuvent pas faire de psychothérapie.
« Notre but est d’aider les gens sans qu’ils s’en rendent compte, explique la psychologue de l’Université Cornell. Souvent, simplement respirer plus lentement peut aider quand on est anxieux. Nous travaillons sur des manières d’encourager cela sans que l’usager s’en rende compte, par exemple en manipulant l’éclairage de l’écran. Nous voulons aussi mettre au point un appareil qui caresserait l’usager, probablement sur le bras, qui serait porté avec les vêtements. Le toucher a des qualités anti-anxiété sous-estimées. »
Chez Microsoft, la psychologue Mary Czerwinski, responsable des études sur l’empathie, planche sur une application qui enseigne des trucs pour faire face aux situations anxiogènes. « C’est un peu sur le mode du jeu, avec des chapitres à compléter et différents niveaux, dit Mme Czerwinski. Après tout, beaucoup de gens, quand ils sont anxieux, se calment avec des petits jeux comme Candy Crush. Pourquoi ne pas leur offrir un outil qui a la même fonction, mais en plus leur donne des outils ? Par exemple, beaucoup de gens se sentent mieux quand ils font la liste des bons moments qu’ils ont eus dans la journée. »
Une minorité de gens qui ont essayé l’application s’en servaient à des moments précis. « Certains voulaient commencer leur journée avec ça, d’autres, y mettre un terme, dit Mme Czerwinski. Mais la plupart ne voulaient pas d’entraves. »
Tant Mme Choudhury que Mme Czerwinski veulent doter leurs outils d’un système de détection de la détresse, pour diriger ceux qui en ont besoin vers de l’aide en chair et en os. « Certains vont penser qu’on veut remplacer les psys, mais nous voulons simplement occuper un espace où il y a beaucoup de charlatans, dit Mme Czerwinski. La plupart des applications de psychologie et de bien-être sur les téléphones portables n’ont pas été testées rigoureusement. Et on entend parler de beaucoup de gens qui se servent de ChatGPT comme d’un psychothérapeute. Ça, c’est inquiétant. »
Analyse du langage
Shrikanth Narayanan, de l’Université de Californie du Sud, veut quant à lui utiliser l’informatique pour soutenir les psys. « Nous travaillons sur l’analyse du langage pour fins de dépistage et de diagnostic, dit le psychologue californien. Nous avons commencé par l’autisme, mais beaucoup d’autres troubles psychologiques ont des composantes langagières typiques. On peut, par exemple, analyser la variation des mots positifs et négatifs. »
Éventuellement, le logiciel de M. Narayanan pourrait même suggérer des stratégies aux psys en pleine consultation. « Avant une séance, le logiciel pourrait faire un petit résumé des séances précédentes, et des résultats de l’analyse du langage du patient depuis la dernière séance. Si le patient y consent, il pourrait même y avoir des données d’activité physique et de sommeil. Il arrive souvent qu’un psychologue rate certains signaux ou y songe seulement après que le patient est parti. »
Des entreprises se sont montrées intéressées aux travaux de M. Narayanan. « La détection du stress au travail pourrait être facilitée par l’analyse du langage parlé et écrit des employés. Ça pourrait être anonymisé pour faciliter l’acceptation par les employés. Un patron pourrait être averti quand un climat négatif s’installe dans l’entreprise. »
D’AUTRES NOUVELLES DU CONGRÈS
Débat sur l’anthropocène
Est-ce que l’anthropocène a commencé avec les débuts de l’agriculture il y a 10 000 ans ? Ou dans les années 1950 ? Vendredi, des géologues ont croisé le fer au sujet de cette nouvelle ère géologique, qui serait le successeur de l’holocène, qui a commencé il y a 12 000 ans. La définition de l’anthropocène est qu’elle est marquée par l’influence de l’humain sur l’environnement.
Des jardins de palourdes
Depuis une dizaine d’années, une Première Nation de Colombie-Britannique, la nation kwiakah, teste une technique ancestrale de mariculture : les jardins de palourdes, des enclos de pierre recouverts à marée haute. Une chercheuse kwiakah d’Environnement Canada, Myrle Ballard, a expliqué dimanche que les palourdes croissent deux fois plus rapidement et sont entre deux et quatre fois plus nombreuses, selon les espèces, dans les jardins de palourdes.
Une grosse année solaire
Du 14 octobre prochain jusqu’au 24 décembre 2024, la NASA vivra au rythme de la « grosse année d’héliophysique », soit l’étude du Soleil. À son kiosque, l’agence spatiale a multiplié les présentations sur les éclipses à venir et l’observatoire solaire Parker, qui s’approchera à six millions de kilomètres de notre étoile à la fin de 2024. Une éclipse partielle aura lieu le 14 octobre prochain et sera visible du nord-ouest des États-Unis jusqu’en Floride. Une éclipse totale aura lieu le 8 avril 2024 et sera visible dans son entièreté à Montréal, et particulièrement en Estrie.
En savoir plus
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- 950 millions
- Dépenses en psychothérapie privée au Canada en 2017
source : Healthcare Management Forum-
- 30 %
- Proportion des Canadiens ayant utilisé de la psychothérapie privée en 2017 qui n’avaient pas d’assurances médicales couvrant ces services
source : Healthcare Management Forum -
La Presse à Washington | Un psy robotique | La Presse - La Presse
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