Rechercher dans ce blog

Saturday, May 6, 2023

Les bélugas sont deux fois plus nombreux qu'on le croyait - Le Devoir

La population de bélugas du Saint-Laurent compterait au moins deux fois plus d’individus que ce que l’on croyait jusqu’à maintenant. Ce nouveau bilan ne signifie toutefois pas que la population a augmenté, mais plutôt que l’analyse des données s’est grandement améliorée, insistent les experts consultés par Le Devoir. Qui plus est, ce cétacé n’est toujours pas sur la voie du rétablissement et les mortalités élevées de femelles et de jeunes hypothèquent son avenir.

Le plus récent bilan de cette population, présenté vendredi dans le cadre du Symposium béluga 2023, conclut à une estimation moyenne de 1850 bélugas, avec un intervalle établi entre 1530 et 2180 individus. Cette évaluation est beaucoup plus élevée que la précédente, publiée en 2013, qui concluait à une population comptant approximativement 880 bêtes. L’objectif du « plan de rétablissement » du gouvernement fédéral est cependant encore loin, puisque celui-ci vise à porter l’effectif à plus de 7000 individus.

Cette révision à la hausse ne signifie pas que les bélugas sont plus nombreux, prévient Véronique Lesage, spécialiste des cétacés à Pêches et Océans Canada. « Nos méthodes d’analyses pour estimer la taille de la population suggèrent que, dans le passé, on sous-estimait son abondance. Elle n’a pas doublé, mais les méthodes qui nous permettent d’estimer sa taille réelle sont meilleures », explique-t-elle au Devoir.

À lire aussi

Par ailleurs, la population, qui comptait environ 10 000 individus au début du XXe siècle, ne montre aucun signe d’augmentation, voire de rétablissement. Elle demeure plutôt « stable » souligne Mme Lesage. Et il est difficile de prévoir « la trajectoire » des prochaines années sans données scientifiques probantes.

Directeur scientifique du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins, Robert Michaud se montre lui aussi très prudent dans l’interprétation des données, qui n’ont pas encore fait l’objet d’une publication officielle de Pêches et Océans Canada. « Le portrait que nous avons est un peu moins inquiétant, parce que nous avons vu un frein au déclin. Mais, à long terme, on parle davantage d’une stabilisation de la population », résume-t-il.

Au chapitre des bonnes nouvelles, les experts ont en effet constaté que le déclin de ces cétacés résidents du Saint-Laurent se serait arrêté. L’explication la plus plausible associe ce phénomène à la réduction, puis à la disparition, des cas de cancers chez les bélugas. Dans les années 1980 et 1990, les analyses des carcasses retrouvées sur les rives du Saint-Laurent avaient en effet permis de constater que ces animaux, qui peuvent vivre plus de 60 ans, avaient des taux de cancers extrêmement élevés, en raison de la contamination des eaux du fleuve et de la rivière Saguenay.

Grâce aux plans d’assainissement mis en place depuis trois décennies, ces cas ont progressivement diminué et le dernier cas de cancer a été rapporté en 2011. Véronique Lesage y voit un exemple des « bénéfices » des programmes de dépollution. Robert Michaud ajoute toutefois que « la charge totale des contaminants demeure très élevée » chez les bélugas, notamment en raison de l’émergence de nouveaux contaminants.

Inquiétudes

Les scientifiques demeurent d’ailleurs « très inquiets », insiste Mme Lesage, en raison de la hausse marquée des mortalités de femelles et de très jeunes cétacés. Les nombreux cas de femelles mortes en donnant naissance depuis 2010 constituent une véritable « série noire », selon M. Michaud. Concrètement, ces bélugas ne sont plus en mesure de contribuer au rétablissement de la population. Quant aux jeunes retrouvés morts au cours de la dernière décennie, ils ne peuvent pas commencer à se reproduire. « Ces décès prématurés hypothèquent la capacité de cette population isolée d’augmenter au cours des prochaines années », fait valoir Véronique Lesage.

À cela s’ajoutent les effets potentiels du réchauffement climatique sur le Saint-Laurent, qui demeurent pour le moment difficiles à prédire. On sait, par exemple, que la hausse des températures peut avoir des conséquences pour les stocks de poissons dont se nourrissent les bélugas. Et on observe déjà une diminution marquée du couvert de glace en hiver dans l’estuaire et le golfe. Or, ces animaux venus de l’Arctique en ont besoin pour se protéger des tempêtes hivernales.

La question du « dérangement » constant que subissent ces cétacés dans l’estuaire demeure également d’actualité. Qu’il s’agisse de la marine marchande, des plaisanciers, des croisiéristes, des kayakistes ou des travaux industriels dans l’habitat de l’espèce, tous ces facteurs peuvent interférer lors de l’alimentation, de la communication ou de la mise bas.

Bref, souligne Robert Michaud, « à long terme, le béluga n’est pas sorti des eaux troubles ». Une population saine devrait doubler tous les 30 ans, rappelle celui qui étudie l’espèce depuis quatre décennies. Or, dans ce cas-ci, on parle tout au plus d’« une certaine stabilisation ».

« On a eu un impact énorme sur cette population, d’abord avec la chasse, puis avec des contaminants et des stresseurs. Et elle est aujourd’hui à une fraction de ce qu’elle devrait être. Elle a besoin de nos bons soins. Nous n’avons pas le luxe de changer le statut de la population, qui est actuellement considérée comme étant en voie de disparition. Il faut faire preuve de sagesse et de prudence », conclut Robert Michaud, en rappelant l’importance du projet d’agrandissement du parc marin du Saguenay—Saint-Laurent. Québec et Ottawa ont promis de réaliser le projet, qui permettra de protéger tout l’habitat estival du petit cétacé, d’ici 2025.

À voir en vidéo

Adblock test (Why?)


Les bélugas sont deux fois plus nombreux qu'on le croyait - Le Devoir
Read More

No comments:

Post a Comment

C'est maintenant ou jamais pour saisir les Samsung Galaxy Buds 2 à prix défiant toute concurrence - Tech & Co

Voici une offre que les mélomanes ne vont pas bouder. Rue du Commerce vous offre une remise de 7 % sur les Samsung Galaxy Buds 2. Vous aim...