Un groupe de scientifiques canadiens attendent avec impatience de recevoir des échantillons d’un astéroïde qui ont été ramassés à près de 500 000 km de la Terre.
Ces échantillons ont été récoltés par la sonde spatiale OSIRIS-REx qui transporte des lasers fabriqués au Canada. Ces lasers ont permis de guider l’appareil et de créer une carte détaillée de l’astéroïde connu sous le nom de Bénou, ou Bennu en anglais.
Bénou, autrefois connu sous le nom de géocroiseur 101955, a un diamètre d’environ 500 mètres et se déplace à environ 450 000 km de la Terre. La sonde OSIRIS-REx a orbité à moins de 200 mètres de sa surface pour ramasser à la volée des échantillons qu’elle est en train de ramener vers la Terre. Elle devrait larguer la capsule contenant les échantillons le 24 septembre.
« En six semaines, nous avons récolté des données qui nous procurent le modèle d’astéroïde le plus jamais détaillé, dit Michael Daly, de l’Université York qui a dirigé l’équipe ayant conçu les lasers. On peut observer les fractures et les détails des pierres. Nous en sommes très fiers. »
Bénou a été choisie pour plusieurs raisons.
L’astéroïde est situé à une distance raisonnable de la Terre. Il est assez large pour permettre l’orbite d’une sonde spatiale — même si OSIRIS a établi une marque pour la plus petite orbite jamais enregistrée. Il est considéré comme « primitif », n’ayant subi que très très peu de modifications depuis le début de son existence, il y a des milliards d’années.
Dominique Weis, de l’Université de la Colombie-Britannique, souligne que l’examen des échantillons ouvrira une fenêtre sur les débuts du système solaire. « L’idée est de remonter le plus loin possible dans le temps », avance-t-elle.
Alan Hildebrand, un géoscientifique de l’Université de Calgary, dit que l’examen de morceaux de Bénou devrait permettre d’en apprendre davantage sur la formation de la Terre et du système solaire.
« La Terre a été formée par la fusion de plusieurs astéroïdes, mentionne-t-il. Étudier les astéroïdes aide à notre compréhension des origines de notre planète. »
Bénou pourrait aider à comprendre comment la croûte terrestre s’est formée, ajoute le Pr Hildebrand.
L’astéroïde provient d’une région de l’espace qui s’est refroidie bien avant la partie centrale de ce qui est devenu le système solaire. Les matériaux ont été « gelés » bien avant de pouvoir être modifiés par la chaleur. Ramasser les échantillons directement de la surface de l’astéroïde permet aux scientifiques de les examiner sans tenir compte des effets subis par les météorites lors de leur traversée de l’atmosphère terrestre.
« Les roches de Bénou sont d’une plus vieille partie du système solaire, dit le Pr Hildebrand. Nous pouvons examiner la série [de matériaux] sans le filtre de l’atmosphère. »
Ce n’est que la troisième fois que des scientifiques auront la chance d’obtenir des échantillons de l’astéroïde. Les deux kilogrammes de roches et de poussière constituent toutefois la plus lourde cargaison de matériel jamais ramassée.
« Nous aurons plus de matériaux pour faire plus de choses », commente le Pr Hildebrand.
Les laboratoires canadiens peuvent recevoir des échantillons de Bénou parce que le Canada a investi 61 millions $ dans le programme OSIRIS. Toutefois, avant qu’un laboratoire puisse commencer à faire fonctionner son spectromètre, la NASA veut s’assurer qu’il sache bien manipuler les échantillons reçus.
« Nous nous sommes entraînés, et entraînés, et entraînés de nouveau, rassure la Pr Weis. Nous avons élaboré une méthode afin d’être le plus précis possible. »
La sonde OSIRIS a déjà été le sujet de plusieurs dizaines d’articles scientifiques. L’arrivée des échantillons de Bénou devrait en faire paraître plusieurs autres.
La sonde rebaptisée OSIRIS-APEX a assez de carburant pour retourner à sa tâche. Sa prochaine destination est Apophis, un astéroïde géocroiseur d’environ 370 mètres de diamètre qui sera situé à 32 000 km de la Terre en 2029. Elle devrait utiliser ses moteurs-fusées pour soulever des particules du sol et du sous-sol de l’astéroïde.
Elle transmettra ensuite les renseignements à la Terre, sa dernière mission.
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Des scientifiques canadiens attendent des échantillons de l'espace - Le Devoir
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