Cet été, un couple s’est lancé dans la construction d’une maison dite « passive », c’est-à-dire à la consommation énergétique très faible. Depuis les premiers croquis jusqu’à la remise des clés, nous suivons en trois étapes son projet mené à Ham-Sud, en Estrie. Dans ce premier volet, nous revenons sur sa gestation, pas toujours facile.
Actuellement installés à Longueuil, Nathalie Larouche et Philippe Candelier rentraient d’un séjour de huit mois à bord d’un voilier quand leur est venue l’idée de jeter l’ancre ailleurs. Aspirant à une approche écologique, ils ont prospecté du côté du mont Ham et mis le doigt sur un terrain à vendre dans le cadre d’un projet écorésidentiel, à Ham-Sud.
Ils ont ainsi décidé de vendre leur résidence en Montérégie pour se construire une petite maison de plain-pied, avec deux chambres et une pièce de vie, aux caractéristiques précises pour maximiser sa rétention énergétique. « C’est une construction différente, avec une orientation sud, une très large fenestration de triple vitrage installée le moins possible au nord, des murs de 20 pouces hyper isolés, une double ossature, un garage attenant, mais non communicant, etc. L’hiver, le soleil vient réchauffer la dalle de béton qui redonnera sa chaleur », explique le couple, qui a prévu du filage pour d’éventuels panneaux solaires.
Qu’est-ce qu’une maison passive ?
Selon l’organisme Écohabitation, c’est une résidence utilisant peu d’énergie pour demeurer confortable à longueur d’année. C’est son orientation et sa structure maximisant le rayonnement solaire, ainsi que son isolation thermique et son étanchéité, qui lui permettent de réduire ses besoins en chauffage de manière significative, même en hiver. Le concept de maison passive reste variable d’un projet à l’autre.
De défis en compromis
Le projet, séduisant sur papier, a pourtant donné du fil à retordre à Nathalie Larouche et à Philippe Candelier lors de sa planification, non seulement à cause de la pandémie (ils ont officiellement acquis le terrain en octobre 2020) et d’autres imprévus, mais aussi en raison de sa nature, à laquelle architectes et constructeurs ne sont pas forcément habitués.
Il n’a pas été évident de trouver un architecte à l’aise avec les notions de maison passive, et ça a pris du temps pour planifier une maison à notre goût, dans notre budget et la plus passive possible.
Nathalie Larouche
Plusieurs mois ont ainsi été nécessaires pour dénicher un architecte, Tandem, prêt à respecter l’esprit et le budget (entre 200 000 $ et 300 000 $) de leur projet. Entre les esquisses préliminaires et les plans définitifs, reçus en décembre 2021, une année s’était déjà écoulée.
Est ensuite venu le deuxième défi de taille, trouver un entrepreneur sur la même longueur d’onde que le couple afin de bâtir sa maison sans compromis radical, et lui permettant de participer aux travaux. Certains constructeurs étaient certes prêts à mettre la main à la dalle... mais en en bafouant sévèrement les caractéristiques initiales.
« L’un d’eux ne voulait pas mettre plus d’isolation, prétextant que l’électricité n’était pas chère. On nous a proposé de remplacer les matériaux par d’autres qui ne respectaient pas le projet. On n’a pas aimé ces réponses et on a cherché ailleurs, par le site internet d’Écohabitation », indiquent ceux qui avaient déjà cédé de légers bouts de terrain sur certains aspects de la maximisation écoénergétique : superficie plus petite qu’à l’accoutumée (près de 1200 pieds carrés, soit quelque 110 mètres carrés), fenêtre placée au nord-est pour bénéficier de la vue sur le mont Ham, installation d’un atelier...
Continuant de fouiner, Nathalie Larouche et Philippe Candelier ont trouvé un entrepreneur adéquat... mais pas disponible avant 2024. Après de multiples appels, c’est finalement HD Construction qui obtiendra le mandat en octobre 2022, s’engageant à respecter le concept de maison passive. « Des constructions comme celle-ci, ils n’en font pas tant que ça, mais ils aiment en faire, c’est un défi pour eux », souligne Nathalie Larouche.
Embauches et embûches
Outre les difficultés engendrées par la COVID-19 (main-d’œuvre indisponible, pénurie et hausse du prix des matériaux) et les complications pour trouver les bons partenaires, les futurs Estriens ont également compilé quelques accrocs ayant ralenti leur cheminement. Par exemple, les seules usines produisant les panneaux isolants ECO4 dont ils avaient besoin avaient cessé leur production, en raison de sinistres. Le déroulement du processus a également été freiné par les diverses dérogations nécessaires pour répondre aux exigences du Comité consultatif d’urbanisme (CCU) local, parfois pour une question de quelques centimètres.
« Il y a eu plein de petits pépins qui ont fait en sorte qu’entre l’achat du terrain et la construction, cela aura pris trois ans », se résigne Nathalie Larouche, qui prévoit également un dépassement du budget visé. La première pelletée de terre a finalement eu lieu lorsque l’entreprise de construction a été disponible, au début du mois de mai 2023, avec une remise des clés prévue à la fin d’août. Les travaux battent donc actuellement leur plein ; la phase de construction sera ainsi l’objet du prochain volet de cette série.
Étape 1 : plans et préparatifs | Naissance d'une maison passive - La Presse
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