Le géant Google a lancé jeudi son robot conversationnel dans une cinquantaine de nouveaux pays, la plupart dans l’Union européenne (UE). Pour l’occasion, Bard a appris 40 nouvelles langues, dont le français.
Bard est maintenant offert dans la plupart des pays du monde et dans les langues les plus parlées
, a indiqué Google dans un billet de blogue. Le géant avait présenté en février cet outil pour concurrencer le logiciel phare d'OpenAI, ChatGPT, financé principalement par Microsoft.
Nous avons collaboré de manière anticipée avec des spécialistes, des têtes dirigeantes et des organismes de régulation pour mener cette expansion.
Le groupe américain avait dû retarder le lancement de Bard dans l'UE à la suite de questions soulevées par l’organisme de régulation irlandais des données personnelles, la DPC. Son concurrent ChatGPT, également accusé de ne pas respecter la réglementation européenne, avait pour sa part été bloqué, à la fin de mars, pour un mois en Italie.
Google a effectué un certain nombre de modifications en amont du lancement, en particulier en améliorant la transparence et en modifiant certains mécanismes de contrôle pour les utilisateurs et les utilisatrices
, a indiqué Graham Doyle, porte-parole de la DPC, dans une déclaration à l'AFP.
Google a accepté de procéder à un audit et de fournir un rapport à la DPC trois mois après que Bard sera devenu opérationnel dans l'UE
, a-t-il poursuivi.
Les algorithmes d'intelligence artificielle (IA) suscitent de nombreuses craintes en matière de vie privée, de désinformation ou de respect de la propriété intellectuelle. Bruxelles, le siège de l’UE, souhaite réguler le secteur par le biais d’un texte actuellement en discussion, et le comité européen des données a également lancé un groupe de travail sur le sujet.
Mais des entreprises et des spécialistes favorables à l'IA estiment que ces précautions pourraient ralentir l'innovation sur le continent.
Google a également lancé jeudi son produit au Brésil, malgré un projet de régulation des contenus sur Internet qu'il a dénoncé.
Bard devient polyglotte
Trilingue jusqu'ici (anglais, japonais et coréen), Bard peut désormais s'exprimer dans une quarantaine de langues, dont l'arabe, l'allemand, l'espagnol, le français et l'hindi, selon Google.
Il pourra énoncer ses réponses à l'oral, adapter le style de ses réponses dans un langage professionnel ou informel, ou extraire des informations à partir d'une image.
Enfin, il sera possible de poursuivre d'anciennes conversations avec l'IA, une fonctionnalité déjà offerte sur ChatGPT.
Une concurrence féroce
Les robots conversationnels, présentés comme une solution de rechange à la recherche en ligne traditionnelle, ont connu un succès fulgurant depuis la sortie de ChatGPT en novembre 2022. Celui-ci est même intégré à certains outils du géant américain Microsoft, dont le moteur de recherche Bing.
Pour rester dans la course, Google a dû accélérer ses propres annonces en lien avec l'IA et a notamment présenté en mai son nouveau modèle de langage baptisé PaLM 2, qu'il compte utiliser dans son moteur de recherche et sa suite de services en ligne (Maps, Gmail, Docs, etc.).
Les deux concurrents, suivis par une poignée de jeunes pousses, rivalisent à coup d'annonces dans un but affiché : que leurs plateformes dotées de l'IA générative deviennent les assistants personnels privilégiés du grand public, mais aussi des entreprises.
Le marché mondial de l'IA générative (incluant la génération de textes et d'images) pourrait ainsi générer 67 milliards de dollars américains (87,0 milliards de dollars canadiens) de recettes en 2023, et 10 fois plus avant la fin de la décennie, selon Bloomberg Intelligence et le cabinet d'études IDC.
Risques de désinformation
Ces robots, qui fonctionnent de manière statistique à partir d'un gigantesque corpus d'apprentissage, ont toutefois tendance à se tromper régulièrement, faute de capacité de raisonnement.
Bard est ainsi présenté comme un outil créatif [et] expérimental [qui] peut afficher des informations inexactes ou choquantes
. Cet avertissement est également présent chez son principal concurrent, ChatGPT.
Le modèle économique des robots conversationnels est encore incertain, entre gratuité pour Bard et Bing AI, fonctionnalités payantes pour ChatGPT et accès par abonnement. Leurs coûts de fonctionnement sont bien plus élevés que pour un moteur de recherche traditionnel.
Le robot conversationnel Bard de Google parle maintenant français - Radio-Canada.ca
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