MONTRÉAL — La chirurgie plastique a gagné en popularité au cours des dernières années, et cette tendance inclut les jeunes de moins de 30 ans. En plus d’avoir de plus en plus souvent recours au bistouri, ils s’émancipent de la honte et du tabou traditionnellement associés à la chirurgie esthétique.
Même si le nombre de chirurgies plastiques a augmenté de façon plus marquée depuis la pandémie, cette hausse se fait sentir depuis une dizaine d’années, selon le Dr Karl Schwarz, chirurgien esthétique et fondateur de la Clinique K.
«On a vu une croissance vraiment de tous (les types de) patients, de tous âges. Mais oui, certainement, on avait une croissance assez importante des personnes de moins de 30 ans. Depuis 2021, une croissance vraiment importante», affirme-t-il.
La moitié de la clientèle de la Dre Amanda Fanous, chirurgienne plastique spécialisée en rhinoplastie (la chirurgie du nez), est d’ailleurs âgée de moins de 30 ans.
«C’est la chirurgie la plus fréquente chez les moins de 30 ans (la rhinoplastie), explique-t-elle. Je suis en pratique depuis cinq ans. Depuis le début de ma pratique, la proportion augmente beaucoup, et il y a clairement une différence entre les moins de 30 ans, versus les au-dessus de 30 ans.»
Cette différence se fait notamment sentir dans l’ouverture des jeunes à la chirurgie esthétique et leurs attentes, alimentées par les réseaux sociaux.
«Les “gen Z”, surtout les moins de 25 ans, ils arrivent, ils sont très bien préparés. Ils arrivent avec des photos d’inspiration de nez qu’ils veulent. Souvent, ils arrivent avec des demandes qui sont non réalistes, parce qu’ils passent leur temps sur les réseaux à voir des images filtrées. Surtout ces temps-ci, avec les filtres de “bold glamour” qui donnent une image irréaliste aux jeunes», raconte la Dre Fanous.
Les jeunes demandent souvent à la chirurgienne d’avoir des «petits nez de Barbie» ou des «nez en trompette», en lui montrant des photos de mannequin.
«Souvent, l’anatomie ne permet pas de transformer ce nez en un petit nez de Barbie. Et d’autre part, souvent, ça n’irait pas à l’harmonie du visage, évoque la Dre Fanous. Je dois, en consultation, passer beaucoup plus de temps à les informer sur ce qui est réaliste, ce qui est faisable.»
En contrepartie, les personnes de plus de 25 ans vont consulter en disant être complexées par leur nez, et demandent à la Dre Fanous ce qu’elle leur recommande. «L’approche est différente», dit-elle.
Les membres de la génération Z sont aussi plus nombreux à partager leur parcours médico-esthétique sur les réseaux sociaux.
«Non seulement ils sont moins gênés, ils en sont presque fiers. C’est quelque chose qu’ils veulent publier, c’est quelque chose qu’ils ne cachent pas, affirme Amanda Fanous. Je demande à tous les patients s’ils seraient d’accord que je mette leur photo sur mes réseaux, et c’est très clair que (chez) les au-dessus de 30 ans, peut-être 10 % vont dire oui, tandis que les en dessous de 30 ans, facilement 40 %-50 %.
«Et pire, si je ne mets pas leurs photos, ils vont me demander pourquoi, ils vont me demander quand», ajoute-t-elle.
Le Dr Karl Schwarz perçoit le même phénomène. Il estime que la hausse du nombre de jeunes ayant recours à la chirurgie esthétique est attribuable «un petit peu aux réseaux sociaux, puis le fait qu’il y a moins de stigma de la chirurgie plastique ou des soins médicaux esthétiques dans la population plus jeune».
«Je pense que c’est un âge où ils sont plus ouverts de leurs traitements, puis on voit avec les influenceurs, et juste les personnes jeunes sur les réseaux sociaux, ils vont souvent (publier leur parcours) de traitement médico-esthétique, ou leur chirurgie, et ils ne sont pas gênés du tout par rapport à leur traitement», évoque-t-il.
Le Dr Schwarz remarque que les soins médico-esthétiques les plus populaires chez les jeunes sont le botox, les relaxants musculaires et les agents de remplissage.
En ce qui concerne la chirurgie, outre la rhinoplastie, l’augmentation mammaire, la liposuccion et le redrapage du ventre sont les interventions les plus demandées chez les moins de 30 ans, souligne le chirurgien.
Une perception «irréelle» dans notre écran
Plusieurs facteurs expliquent cette hausse du recours à la chirurgie esthétique dans toutes les tranches d’âge depuis la pandémie, évoque le Dr Nabil Fanous, directeur de l’Institut canadien de chirurgie esthétique et président de l’Académie canadienne de chirurgie plastique et reconstructive faciale.
D’abord, les personnes ont passé de plus en plus de temps en visioconférence au cours de la pandémie, où ils pouvaient se voir parler et observer leurs traits. Mais aussi, parce que les caméras d’ordinateurs ou de téléphones cellulaires présentent souvent une image altérée.
«Une photo par cellulaire, c’est très affecté par la distance, et par la programmation et la qualité du téléphone», affirme le Dr Fanous.
Au contraire, le reflet d’une personne dans un miroir n’est pas modifié par ces facteurs.
«Se voir dans le miroir, c’est une perception de son apparence qui est une perception réelle. Le miroir te montre ce que tu es vraiment. Se voir dans un écran de téléphone ou d’ordinateur, c’est une perception d’apparence irréelle», explique le chirurgien.
Et cette habitude des patients de se regarder dans leur téléphone cellulaire a des impacts.
«Maintenant, 50 % (des patients) viennent avec leur téléphone, dit-il. Ils me montrent l’écran et (ils ne disent) pas: donne-moi un miroir.»
Mais, pourquoi les jeunes ont-ils recours à la chirurgie esthétique s’ils ne présentent pas de signes du vieillissement?
«Il y a deux genres de chirurgies», souligne le Dr Fanous. Celles pour «raffiner son apparence», et les autres, «pour rajeunir son apparence».
Les jeunes ont donc davantage recours au premier type d’intervention, évoque le chirurgien.
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Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.
Les jeunes s'extirpent des tabous associés à la chirurgie esthétique - Le Guide de Cowansville - Journal Le Guide - Cowansville
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