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Wednesday, August 9, 2023

Les terrains de sport synthétiques sont-ils nuisibles à l'environnement et à la santé? - Le Devoir

Ce texte est tiré du Courrier de la planète. Pour vous abonner, cliquez ici.

Plusieurs villes et écoles au Québec font face à des débats houleux lorsqu’il s’agit de choisir entre un terrain de sport en gazon naturel ou synthétique. Début juillet, l’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce (CDN-NDG), à Montréal, a ainsi opté pour un projet de terrain synthétique au coeur du parc Mackenzie-King, après huit mois de débats.

Ces terrains synthétiques présentent en effet de nombreux avantages. Ils sont plus durables — ils peuvent être utilisés environ six fois plus d’heures par semaine que des terrains naturels — et demandent moins d’eau ainsi qu’un entretien moins fréquent, selon le guide de l’Association québécoise du loisir municipal. Mais ils provoquent aussi de nombreuses inquiétudes du côté des citoyens. Une pétition rassemblant plus de 1300 signatures est d’ailleurs en cours pour demander à l’arrondissement d’abandonner ce projet.

Le Devoir a consulté plusieurs experts pour mieux comprendre les problèmes environnementaux et de santé publique que les terrains synthétiques soulèvent.

 

Des granules problématiques

Les principales préoccupations sanitaires autour de ces terrains concernent leur remplissage, c’est-à-dire les granules qui imitent la terre et qui permettent aux brins d’herbe de rester droits. Certains remplissages sont en effet constitués de petites particules de pneus recyclés, qui peuvent libérer des substances toxiques dans l’environnement. À ce sujet, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) affirmait en 2008 que les risques pour la santé des joueurs « ne sont pas significatifs ».

Toutefois, d’autres chercheurs émettent des doutes : « une approche de précaution et de prévention est de mise », estime Andrew Watterson, professeur à l’Université de Stirling, en Écosse. « Il y a de grosses lacunes dans nos connaissances. […] On ne sait pas exactement ce qu’il y a dans ces petits granulats de caoutchouc », renchérit-il. Dans un article publié en 2017 dans l’International Journal of Environmental Research and Public Health, ce chercheur avait demandé qu’on fasse preuve de « plus de prudence » dans les politiques de santé publique pour limiter les risques que présentent ces terrains synthétiques.

Il y a de grosses lacunes dans nos connaissances. […] On ne sait pas exactement ce qu’il y a dans ces petits granulats de caoutchouc.

Pour lui, des matières naturelles à base de liège ou de noix de coco, donc potentiellement moins dommageables pour la santé, devraient être privilégiées. C’est d’ailleurs le choix qu’a fait l’arrondissement CDN-NDG pour son futur terrain synthétique. Ces remplissages en matières naturelles sont cependant généralement plus chers que le remplissage classique en particules de caoutchouc.

Des polluants éternels

 

Outre le remplissage — qu’il soit fait de matières naturelles ou non —, tout terrain synthétique comprend des brins d’herbe artificiels. Ces derniers peuvent libérer dans l’environnement un autre type de contaminant : les composés perfluorés (PFAS). Une exposition à ces « polluants éternels » a été associée à des effets sur la reproduction, le développement, le système immunitaire et plusieurs organes. Ces substances sont aussi classées depuis 2017 par le Centre international de recherche sur le cancer comme pouvant potentiellement causer un cancer.

Interrogé à ce propos, Mathieu Valcke, professeur à l’Université de Montréal et spécialiste du sujet, s’est montré rassurant. « L’exposition des voisins ou même des utilisateurs des terrains synthétiques aux contaminants chimiques qui en émanent est certainement négligeable par rapport aux autres sources de contamination de l’air qu’on trouve en milieu urbain », explique celui qui est aussi conseiller scientifique à l’INSPQ.

Une chaleur étouffante

 

« Les matériaux des terrains synthétiques absorbent et stockent la chaleur. Cela augmente considérablement la température de surface, mais aussi celle de l’air, donc c’est sûr que ça vient amplifier le phénomène d’îlot de chaleur », souligne Laurie-Maude Drapeau, conseillère scientifique à l’INSPQ. Dans un bulletin de l’Institut, on peut par exemple lire qu’en surface d’un gazon artificiel, la température peut atteindre 16 °C de plus que pour un gazon naturel.

Selon elle, cet effet serait moindre pour les terrains synthétiques à remplissage fait avec des matières naturelles. « On parlerait de 30 % de moins pour le réchauffement », indique-t-elle. Elle précise cependant que ces affirmations proviennent des fabricants et n’ont pas été, à sa connaissance, appuyées par des études scientifiques.

Un danger pour la biodiversité ?

Un autre danger soulevé par Andrew Watterson concerne les dommages environnementaux que ces terrains synthétiques pourraient entraîner. « Des recherches témoignent d’une contamination du sol et de l’eau causée par les terrains synthétiques de granules de caoutchouc affectant les poissons, la faune du sol et, dans les tests en laboratoire, les vertébrés », énumère-t-il. Ces terrains artificiels empêchent également d’autres plantes, comme les pissenlits, de pousser en surface.

Les PFAS pourraient, eux aussi, avoir des répercussions sur la faune environnante. « Souvent, les contaminants chimiques ont tendance à avoir des effets plus prononcés sur de petits organismes dans l’environnement, qui y sont exposés de façon continue, que sur les humains », précise Mathieu Valcke.

Nouvelles recommandations à venir

Les terrains synthétiques soulèvent de nombreuses questions environnementales et sanitaires, et il reste encore des lacunes dans les connaissances scientifiques sur les risques qu’ils représentent. Cependant, Mathieu Valcke a indiqué que, selon lui, le rapport bénéfices-risques penchait pour le moment en faveur de la création de nouveaux terrains, qu’ils soient synthétiques ou non. Il a notamment souligné « l’importance d’avoir accès à des terrains et à des installations qui permettent la pratique régulière du sport ».

« Mes deux enfants jouent au soccer sur un terrain synthétique à longueur d’année depuis l’âge de quatre ans et, personnellement, je ne suis pas inquiet du tout », a-t-il ajouté.

La porte-parole de la Direction régionale de santé publique de Montréal, Marianne Paquette, a confié par courriel au Devoir qu’elle travaillait actuellement à une mise à jour de ses recommandations de 2008 et de 2014 concernant les terrains synthétiques, et que celle-ci « permettra d’avoir une vision d’ensemble des divers enjeux en lien avec l’aménagement de [ces] terrains ». Ces nouvelles recommandations devraient être publiées d’ici la fin de l’année 2023.

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