Il y a plusieurs facteurs qui expliquent la dépendance toujours plus grande qu’ont les jeunes et les moins jeunes envers leur téléphone intelligent. Les applications conçues pour générer la même réaction qu’une drogue dure en sont un. Les écrans toujours plus grands en sont un autre. Et si on les pliait en deux ?
Des études ont déjà démontré dans le passé que la taille des écrans qu’on regarde influençait de façon proportionnelle les réactions émotives qu’ils suscitent
Des études ont déjà démontré dans le passé que la taille des écrans qu’on regarde influençait de façon proportionnelle les réactions émotives qu’ils suscitent. Comme l’a chanté (dans plus d’une chanson d’ailleurs) le regretté chanteur rock canadien Gordon Downie : « Des écrans plus grands, des émotions plus grandes, des rêves plus grands seront nécessaires. »
Les premières études à ce sujet remontent à l’époque des téléviseurs à tube cathodique. À l’époque, on s’inquiétait de provoquer des syncopes chez les amateurs de sport qui verraient leur équipe favorite se faire éliminer sur un écran trop grand pour leur capacité émotionnelle à gérer une telle nouvelle.
Quiconque a déjà lancé sa télécommande vers son téléviseur peut témoigner des fondements de cette inquiétude : on ne réagit pas avec la même émotivité devant un téléviseur de 13 pouces que devant un écran géant de 60 pouces.
Quarante ans plus tard, ces études pourraient aussi bien traiter des plus récents téléphones intelligents. Levez les yeux de votre propre téléphone une fois dans le métro, dans l’autobus ou dans n’importe quelle aire d’attente, et vous le verrez : nous avons tous, collectivement, les yeux rivés sur un écran.
Plus l’appareil est neuf, plus son écran sera grand.
Le retour du téléphone à poche
Jusqu’ici, les téléphones à écran repliable étaient — à tout le moins, dans le marché canadien — l’exclusivité de la marque coréenne Samsung. Son Galaxy Z Flip en est cet automne à sa cinquième génération, mais le concept n’a pas changé depuis le début : le téléphone se replie en deux comme on le faisait à l’époque avec les « téléphones à poche ».
Puis, la marque Motorola s’est jointe au marché encore émergent des téléphones rabattables en ressuscitant il y a quatre ans le Razr. Quelque part entre 2004 et 2009, ce téléphone était le nec plus ultra de la mobilité, grâce à son boîtier à rabat qui comptait deux écrans, dont un écran interne de 256 000 couleurs et 176 x 220 pixels qui faisait 2,2 pouces de diagonale.
Motorola est désormais une marque appartenant entièrement au fabricant chinois d’appareils informatiques Lenovo. Son téléphone rabattable actuellement en vente au Canada est le Razr+ millésimé 2023. Pour les intéressés : à 1200 $, il coûte 100 $ de moins que son concurrent direct chez Samsung, le Galaxy Z Flip 5.
La fiche technique du Razr+ n’est pas aussi reluisante que celle du Flip, mais elle est tout à fait convenable pour l’usage qu’on peut désirer faire d’un tel appareil. Son écran principal, celui qui selon Motorola peut être replié en deux jusqu’à 400 000 fois avant d’afficher le moindre signe d’usure, fait 6,9 pouces de diagonale. L’écran externe fait pour sa part 3,6 pouces de diagonale. Il est tactile et occupe presque toute la surface supérieure du téléphone quand il est refermé.
Motorola, qui s’y connaît en matière de téléphonie mobile, n’a pas oublié le détail le plus simple à propos de son téléphone : quand il sonne, on l’ouvre pour répondre, puis on le referme pour mettre fin à la conversation. Tout simplement.
Comme on le ferait avec… un téléphone normal. Aucun autre téléphone intelligent ne fait la même chose. En prime, son deuxième écran est conçu de manière à donner accès à certaines commandes du téléphone sans avoir à l’ouvrir : appareil photo, lecture musicale, agenda, messagerie, puis quelques autres applications et jeux.
Comme cet affichage est de dimensions plus modestes, on l’utilise plus sobrement. Personne n’ira visionner la totalité de La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé de Xavier Dolan sur un écran de 3,6 pouces.
Aussi bien attendre de syntoniser Télé-Québec sur un téléviseur de plus grand format…
La forme dicte le fond
L’autre téléphone repliable de Samsung à être seul dans son marché au Canada était jusqu’ici le Galaxy Z Fold. Celui-là a la forme d’une barre de chocolat. On le déplie et on obtient un appareil dont la forme est plutôt celle d’une petite tablette.
Celui-là n’a pas encore de rival au Canada, mais ça s’en vient. Google a mis en marché aux États-Unis le Pixel Fold, qui chez l’Oncle Sam rivalise directement avec le Fold 5. Jusqu’à son prix, tout aussi stratosphérique que l’autre : 1700 $US. On sent qu’un Pixel Fold 2 pourrait voir le jour en 2024 et avoir des visées internationales qui incluront le Canada.
Le format du Pixel Fold influence la façon dont on s’en sert. La forme dicte le fond, en somme. Contrairement à son homologue coréen, son écran externe (de 5,8 pouces de diagonale) s’adopte naturellement comme interface principale. Sauf quand on a vraiment le goût et le temps d’ouvrir le téléphone pour déployer son écran interne. Et son format presque carré, de 7,6 pouces de diagonale, rend cet écran plus approprié pour certaines applications, mais plus désagréable pour d’autres.
Par exemple, les réseaux sociaux très addictifs, comme Instagram et TikTok, s’affichent tout croche sur cet écran. La faute en revient à Google et au système Android, qui ne paraît pas bien sur grand écran. Résultat : le contenu très ludique de ces applis n’occupe que les deux tiers de l’espace disponible, ce qui est rapidement désagréable.
En fait, le Pixel Fold, quand il est ouvert, a les mêmes dimensions qu’un petit livre de poche. L’ondulation au milieu de son écran reproduit à merveille la tranche intérieure, et les applications de livres numériques (y compris le Prêt numérique des bibliothèques québécoises) affichent le texte en deux colonnes comme s’il s’agissait de deux pages, côte à côte.
Cela soulève une drôle de question sur la dépendance envers l’écran des téléphones : interdirait-on en classe un appareil dont le principal usage est… la lecture ?
Peut-être qu’un professeur de philosophie pourrait la poser à ses élèves en guise d’introduction à la pensée hégélienne…
À voir en vidéo
Pliez ce téléphone… - Le Devoir
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