Le magasin Disques Beatnick est à vendre. Une décision personnelle, dit son propriétaire, Nick Catalano, alors que le marché du disque se porte bien dans la métropole.
Le commerce a ouvert ses portes il y a 25 ans sur la rue Saint-Denis, entre la rue Roy et l’avenue des Pins. À l’intérieur, on se fraie un chemin dans des passages étroits, coincé entre des étagères débordant de disques compacts et de vinyles, tandis que les haut-parleurs crachent une musique bien loin des derniers palmarès. Pas de doute, on est chez un vrai disquaire.
L’annonce de la mise en vente du Beatnick, en début de semaine, a inquiété plusieurs internautes. Nick Catalano se fait rassurant : « Ce n’est pas une vente de fermeture. » « J’ai 72 ans et je ne veux plus travailler sept jours par semaine ! »
Bien que le propriétaire déplore un manque de soutien de la Ville de Montréal durant les nombreux travaux qui ont eu lieu dans le secteur dans les dernières années et qui ont fait disparaître plusieurs places de stationnement, il précise ne pas vendre pour ces raisons. Il cherche surtout à diminuer la cadence, n’étant pas un entrepreneur dans l’âme. « Je suis un musicien qui a ouvert un magasin de disques […] pour avoir une job, parce que comme musicien, je ne gagnais pas assez d’argent », explique le septuagénaire.
D’ailleurs, pas question de vendre à n’importe qui. « Je veux que le magasin aille à quelqu’un qui a 40 ans, qui peut penser à long terme, dit M. Catalano. Je veux que les employés gardent leur job, je veux trouver quelqu’un qui a la même passion que moi j’avais quand j’ai ouvert mon commerce et qui veut continuer ça. »
Un marché qui se porte bien
Le propriétaire du Beatnick assure ne pas vendre parce que le magasin ne va pas bien, au contraire. « Le marché du disque est excellent », selon lui. Il dit même observer une « expansion » dans la province.
Depuis quelques années, il voit une relève plus jeune, accro aux vinyles, dévaliser ses rayons. Si plusieurs viennent acheter le dernier Harry Styles ou Taylor Swift, au bout du compte, « ce sont les mêmes disques qui se vendent. C’est Pink Floyd, Led Zeppelin, The Doors, Jimi Hendrix, The Cure. Tu peux vendre 15 exemplaires de The Dark Side of the Moon par semaine ».
Luis, un fidèle client, fait partie des collectionneurs qui ne jurent que par la musique sur support physique. « Il y a une connexion entre nous et l’artiste quand nous achetons un disque », explique l’homme, qui dit posséder quelque 5000 CD et 3000 vinyles. « D’ailleurs, mes voisins me détestent », avoue-t-il en souriant.
Déjà en 2021, on constatait une surchauffe dans le marché du vinyle. Victime de sa popularité, l’industrie peinait à répondre à la demande, et les prix se sont envolés.
C’est ce qu’on constate chez Musique-Disque Sonik, au coin des rues Duluth et Berri. Spécialisé en musique punk, le disquaire Mathieu Livernois juge que « les prix commencent à ne pas avoir d’allure, surtout dans le neuf ». Il attribue cette envolée au retour des majors (les grands producteurs et distributeurs de disques) dans le marché du vinyle.
Cela dit, les ventes vont bien et les clients sont au rendez-vous. Le propriétaire explique qu’il y a une masse critique de magasins de disques dans le secteur, ce qui attire une clientèle locale, mais aussi des touristes. Sur place, un homme achetait d’ailleurs des vinyles qu’il comptait envoyer à des proches aux États-Unis.
M. Livernois ne voit pas tout en rose pour autant. « Le gros problème, à Montréal, ce sont les loyers commerciaux », soutient celui qui affirme avoir eu sa plus importante augmentation de loyer en 23 ans cette année.
Malgré certains écueils, les deux entrepreneurs rencontrés ne semblaient pas inquiets par rapport à l’avenir du disque. Le produit est destiné aux passionnés, explique Nick Catalano. Il s’écoute différemment et offre une expérience que ne peuvent égaler les plateformes en ligne, selon lui. Ce qui devrait assurer un bel avenir à ces vieux objets.
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Le magasin de disques Beatnick est à vendre, mais pas à n'importe qui - Le Devoir
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