Des chercheurs de l’Université de l’Alberta ont découvert qu’un champignon pourrait rendre des arbres résistants aux dendroctones du pin, un petit insecte qui cause de grands dommages. Le seul problème, c’est que ce champignon cause aussi d’importants dommages aux arbres infectés.
Le chancre atropellien, un champignon qui se retrouve principalement dans l’ouest du Canada, aurait le potentiel de créer, sur un arbre infecté, des toxines nocives aux dendroctones du pin.
En général, une infection de ce champignon cause un changement au niveau du système de défense de l’arbre, explique l’un des co-auteurs de l’étude, Rashaduz Zaman. Dans la plupart des cas, l'infection va rendre l’arbre plus vulnérable aux attaques d'insectes et maladies.
Sur cinq champignons étudiés, quatre ont diminué la résistance des pins tordus albertains, aux dendroctones du pin.
Or, le chancre atropellien s’est révélé, durant l'étude, être efficace pour rendre le pin plus résistant aux attaques du petit insecte perce-bois, qui a déjà ravagé des dizaines de millions d'hectares de forêt canadienne.
Le petit scarabée est capable de percer l'écorce des arbres et d'extraire la couche qui se trouve entre l’écorce et le bois. Un des signes de la présence de l'insecte est la couleur rougeâtre des aiguilles des pins. La photo a été prise près de Hinton, à l'est d'Edmonton, en 2019.
Photo : Gouvernement de l'Alberta
Prévenir plutôt que guérir
Le chancre atropellien est un champignon qui s'attaque au tronc des arbres. Selon Ressource naturelle Canada, il peut provoquer la mort de l’arbre et est particulièrement présent après le passage de feux de forêt.
M. Zaman croit que les résultats de leur recherche sont plutôt un point de départ
pour développer un système de gestion des forêts et limiter les ravages causés par l'insecte.
Il ne s’agit donc pas d’infecter des parties de forêt entière de ce champignon potentiellement mortel afin d’augmenter sa résistance aux petits scarabées.
Le chancre atropellien peut provoquer un ralentissement de croissance de l'arbre, et même sa mort. L'infection est fatale quand les tiges sont entourées de gros chancres.
Photo : Ressources naturelles Canada
Les résultats (Nouvelle fenêtre) (en anglais) montrent plutôt qu’il serait possible d’identifier le profil chimique
des arbres résistants à l'insecte, précise le candidat au doctorat en biologie forestière, et ce, en analysant les arbres infectés par le chancre atropellien.
Il s'agit d'une avancée intéressante, selon le professeur en pathologie forestière Richard Hamelin, à l'Université de la Colombie-Britannique.
Selon lui, s’il devient possible d’identifier des arbres moins résistants, il serait imaginable d’utiliser des trappes de phéromones pour essayer d'attirer les insectes vers ces arbres-là, puis peut-être sacrifier ces arbres-là
.
Il y voit donc une manière de gérer la propagation de l'insecte.
Il n’existe pas de moyens d’éliminer le dendroctones du pin, indique le spécialiste de la santé des forêts Jakub Olesinski, de Parcs Canada.
Les pesticides ne sont tout simplement pas efficaces. Ils ne peuvent pas être utilisés pour les contrôler.
Encore loin de la réalité
Pour le professeur, qui porte aussi le chapeau de directeur du département de conservation et sciences forestières à l'Université de la Colombie-Britannique, bien qu’il s’agisse d’une étude intéressante, on est vraiment loin des applications
dans la réalité.
Le système de défense de l’arbre ayant été étudié lors d’une attaque du champignon, il est difficile, selon lui, d'identifier quel arbre a le profil pour être résistant aux insectes avant que le chancre atropellien ne commence à faire des dégâts.
Puis, quand il y a une attaque, c'est souvent trop tard.
Les auteurs de l’étude ont tout de même soulevé l’idée de pouvoir développer un outil de diagnostic.
Rashaduz Zaman croit qu’il serait possible de détecter quels arbres pourraient être infectés des années avant que le champignon ne s’en prenne à son tronc. Comme chez les humains, quand ils ont quelques symptômes, ils se font tester par les médecins.
Un champignon pourrait contribuer à la lutte contre le dendroctone du pin - Radio-Canada.ca
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