Ocean Networks Canada, de l'Université de Victoria, et le Conseil supérieur espagnol de la recherche scientifique, ont conçu un observatoire sous-marin et l’ont immergé dans la mer au nord de la péninsule Antarctique. Il permet d’avoir davantage de données sur l'océan Austral.
Ce petit observatoire, qui peut tenir dans le coffre d’un véhicule de taille moyenne, diffuse déjà des données accessibles à tous, comme la température ou la concentration en oxygène. Elles sont essentielles pour mieux comprendre l'impact du changement climatique dans les eaux entourant l'Antarctique.
Pallier le manque de données
Kate Moran dirige Ocean Networks Canada. Elle explique qu'avant l'installation de la station, les données relatives à l'Antarctique provenaient essentiellement de satellites et d'équipements de recherche flottants, ou de personnes qui naviguent dans cette partie du globe.
L'équipement construit au Canada se trouve maintenant à environ 23 m de profondeur près d'une station de recherche espagnole sur l'île de Livingston, dans l’archipel des Shetlands du Sud. Il devrait y rester pendant plusieurs années.
Kohen Bauer, scientifique principal à Ocean Networks Canada, explique que l'océan Austral, avec son courant qui tourne autour du pôle, joue un rôle essentiel dans la circulation de l'eau dans la région. Le fait de disposer de données à long terme à partir d'un lieu stationnaire aidera les chercheurs à repérer les changements.
L'observatoire mesure également la conductivité, la profondeur et la clarté de l'eau. Ces données sont envoyées toutes les 30 minutes environ à Ocean Networks Canada.
Nous essayons d'établir une série chronologique continue de ces variables océaniques. On pourra alors commencer à interpréter ces données à travers le prisme de questions clés, tant à l'échelle locale que régionale, et même potentiellement mondiale
, espère Kohen Bauer. En fin de compte, il s'agit de relier ces types d'observations à des questions plus globales, comme celles liées au changement climatique.
Les données pourraient révéler des évolutions au niveau de la glace de mer, de la formation et de la fonte des glaciers notamment.
Prévoir les tendances climatiques
Selon Kate Moran, comprendre comment l'océan absorbe le dioxyde de carbone (CO2) émis par les gaz à effet de serre peut aider à prévoir les tendances climatiques. Les océans plus froids, comme l'Arctique et l'océan Austral, peuvent absorber plus de CO qu'ailleurs
, explique-t-elle.
Comprendre comment cela se produit aujourd'hui et comment nous pouvons le prévoir nous aide à mieux comprendre le système naturel du carbone et à prévoir l'avenir, quoi qu'il arrive sur le plan des émissions
, détaille la scientifique.
L'année dernière, à l'issue d'un symposium consacré à l'océan Austral, 300 scientifiques de 25 pays ont publié une déclaration appelant à collecter davantage de données.
On peut y lire que l'océan a connu des niveaux de glace de mer historiquement bas et des températures record. On y apprend aussi que les populations de pingouins ont connu des changements spectaculaires.
Le manque d'observations dans l'océan Austral compromet notre capacité à détecter et à évaluer les conséquences des changements
, indique la déclaration. Il est donc plus urgent que jamais de disposer d'un système d'observation durable et coordonné de l'océan Austral afin de comprendre les conditions actuelles, d'éclairer les prévisions sur les états futurs et de soutenir les politiques et les réglementations dans l'intérêt de la société.
Avec les informations de La Presse canadienne
Un observatoire plongé dans l'océan Austral pour mieux comprendre le changement climatique - Radio-Canada.ca
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