Si on vous avait dit en début d’année qu’un nouveau Metroid verrait le jour en 2021, et qu’il ferait probablement les palmarès des jeux de l’année, vous sauteriez de joie en pensant que Metroid Prime 4 serait sous le sapin de Noël. Et bien non, MercurySteam, qui nous a donné le remake Metroid : Samus Returns, travaillait durement sur Metroid Dread, le 5e jeu de la série principale qui a commencé au NES. Cette annonce surprise et sortie soudaine pourrait laisser croire qu’il s’agit simplement d’un amuse-gueule pour nous faire patienter pour Prime 4. Il n’en est rien; Metroid Dread est le jeu qu’on attendait, sans le savoir.
Copie du jeu et images gracieuseté de Nintendo of Canada
Metroid Dread, ou « Metroid 5 », est donc un retour à la formule metroidvania en «2D» qui a popularisé le genre. Avec Samus Returns, et maintenant Dread, MercurySteam a amené la série dans le 2.5D, donnant une profondeur aux environnements. On perd un peu du sentiment claustrophone des premiers titres, mais on gagne en environnements épiques, détaillés et vivants.
« Dread »
Dread, un mot qui peut se traduire par plusieurs : peur, crainte, effroi, une anticipation remplie de terreur. Metroid Dread n’est aucunement un jeu d’horreur, il n’y a pas de jump-scare ou d’imagerie effrayante, mais ce sentiment de peur, de se sentir vulnérable y est. Surtout au début du jeu, alors que pour la Xe fois, Samus perd tous ses pouvoirs, question que le joueur ait à les retrouver. Un choix intéressant des développeurs est de ne pas donner au début le plus emblématique des pouvoirs de Samus, la morphball. Et pourtant, on voit plein d’endroits dès le début où elle nous serait utile. On en vient même à se demander si on a manqué quelque chose d’évident. Les néophytes de la série ne le remarqueront peut-être pas, surtout que la nouvelle glissade de Samus permet de passer dans certains endroits étroits; mais les habitués de la série seront déstabilisés par ce choix des développeurs, créant un certain sentiment d’angoisse et d’anticipation. Quand finalement on obtient la morphball, quel sentiment satisfaisant!
Dread fait également référence au sentiment d’angoisse d’être traqué; ce qui est le cas avec les robots EMMI. On y reviendra. Il y a aussi le fait que Samus, bien qu’elle soit sur la planète ZDR pour investiguer, il devient rapidement évident qu’elle fait face à une menace plus puissante qu’elle. L’objectif devient de survivre et de s’échapper.
Défier les attentes
La base de la jouabilité d’un metroidvania c’est d’explorer un environnement qui est en partie ouvert pour trouver des habiletés qui permettront d’accéder à d’autres parties. Dans Metroid Dread, il y a beaucoup, beaucoup de Power Ups pour Samus, que ce soit pour sa combinaison (par exemple, le Varia suit qui donne accès aux endroits à température élevée), ou son pour son canon, avec des améliorations pour ses tirs réguliers et ses missiles, tels que les missiles de glaces ou le Storm Missile qui permet d’en tirer plusieurs d’un coup. Dread ne réinvente pas la roue des metroidvania à ce niveau, mais joue avec les codes pour constamment surprendre le joueur. En effet, le prochain Power Up n’est jamais celui qu’on s’attend à trouver. Tu te buttes à une impasse qui requiert les bombes? Tu prends l’autre chemin en croyant que tu y trouveras les bombes… pour finalement trouver un autre Power Up qui ouvre un chemin à l’autre bout de la carte. Ainsi, même les habitués de la série vivent un sentiment d’anticipation et de surprise à l’approche des emblématiques statues de Chozo qui tiennent un Power Up dans leurs mains.
Une histoire intrigante
Lors de la première présentation de Metroid Dread, Nintendo a insisté sur le fait qu’il s’agit de la conclusion de la saga des métroïdes et du parasite X qui a débuté au NES avec le jeu Metroid. (La série Metroid Prime ayant son propre arc narratif). Ne soyez pas rébutés par le fait que vous n’avez pas joué aux jeux précédents, une introduction nous résume toute l’histoire à date. Bien qu’on ne puisse pas dire que Metroid Dread est un jeu narratif; le jeu est parsemé de cinématiques qui nous dévoilent tranquillement les motivations de l’antagoniste, Raven Beak, et son lien avec le parasite X. On ne joue pas à Metroid Dread pour l’histoire, mais plutôt pour la jouabilité, ça n’empêche pas que la narration est bien construite pour nous intriguer et nous surprendre et on a toujours hâte d’en savoir plus.
Contrôler Samus, un plaisir
Contrôler Samus Aran est un plaisir, plus que jamais. Courir, sauter, glisser, tirer dans toutes les directions, le tout se fait avec une grande fluidité et des contrôles très précis. Regarder des speedrunners qui maîtrisent déjà le jeu est très satisfaisant. L’apprentissage des contrôles de base se fait très bien, ainsi que ceux des différentes habiletés qui se rajoutent à notre arsenal au cours de l’aventure. Comme toujours, le level design des jeux Metroid est bien pensé pour nous enseigner organiquement à utiliser le power up qu’on vient d’obtenir. Le seul bémol à ce niveau est parfois le fait de devoir actionner jusqu’à 4 boutons simultanément pour utiliser certains habiletés dans certaines situations. Au moins, on n’a pas à « switcher » des habiletés dans le menu, elles sont toutes accessibles dans le feu de l’action.
Les zones EMMI, qu’on apprend à détester
Sur la planète ZDR, il y a 7 robots, appelés des EMMIs, qui ont été reprogrammés pour traquer Samus et prendre son ADN qui contient de l’ADN de Metroid (ce qui la tue d’un coup). Heureusement, ces EMMI sont confinés à des zones délimitées par des portes spéciales qu’on reconnait facilement. Quand on entre dans une zone EMMI, on doit utiliser toutes nos habiletés pour éviter les EMMI, qui sont indestructibles face à nos attaques régulières. Quand on est rattrapé par un de ces robots meurtriers, une cinématique se déclenche où on a une très très très mince fenêtre pour contrer l’attaque, sinon c’est Game Over. Le fait que ce soit un « One-hit kill » peut devenir frustrant. Heureusement, on réapparaît toujours au début de la zone EMMI (et non à la dernière chambre de sauvegarde) dans ces occasions; ce qui aurait découragé bon nombre de joueurs. En fait, même chose avec les boss majeurs, le jeu nous remet juste avant le combat. Metroid Dread n’est pas un jeu très difficile, mais les rencontres avec les EMMIs et les batailles contre les principaux boss vont demander beaucoup d’essais et erreurs.
Des environnements épiques
J’ai vu bon nombre de commentaires passer sur les réseaux se plaignant que Nintendo vend à plein prix un jeu en «2D». On peut bien entendu avoir l’impression d’être devant une aventure moins épique qu’un jeu de la série Metroid Prime où l’action se déroule en première personne. La production d’un jeu en 2.5D est peut-être plus petite, mais MercurySteam a travaillé fort a donné un sentiment de profondeur aux environnements. On sent que la planète ZDR est immense avec des cavernes infinies, des ruines gigantesques, des complexes mécanisées et industriels et des forêts souterraines avec une faune variée. C’est riche et c’est vivant et grandiose. On n’a pas l’impression de jouer à « petit jeu » et les enjeux sont importants. En ce qui a trait à la durée du jeu, le joueur moyen prendra entre 10 et 15 heures à le terminer au premier essai. Ce qui n’est pas plus court que, par exemple, la plupart des titres principaux de la série Resident Evil.
Quelques bémols
J’aimerais vous dire que Metroid Dread est parfait, mais il y a quelques bémols. La musique n’est malheureusement pas mémorable, bien qu’on reconnait certains jingles emblématiques de la série. Un autre point négatif c’est les longs chargements entre les différentes zones; et on doit souvent changer de zone. Certains diront que les zone EMMIs, et surtout le niveau de difficulté qu’elle offre, vient ralentir le rythme du jeu; ce n’est pas faux. Ces séquences de furtivité sont un ajout intéressant à la série, (bien qu’on en a eu dans Metroid : Zero Mission et Fusion aussi!) mais le fait qu’on a pas le droit à l’erreur, ou presque, rend ces parties les moins amusantes du jeu. Par contre, les moments où on peut finalement détruire un EMMI est tellement satisfaisant qu’on leur pardonne leur existence!
Metroid Dread est un metroidvania absolument épique, amusant et accessible. Ses quelques «spikes» de difficulté peuvent décontenancer même les vétérans de la série, mais rien n’est insurmontable avec un minimum de patience et de persévérance. Si vous n’avez jamais joué à un Metroid de votre vie, Metroid Dread un est bon point de départ!
Critique - Metroid Dread : celui qu'on attendait, sans le savoir - RDS Jeux vidéo
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