Depuis les toutes premières missions spatiales, les astronautes ont souvent présenté des signes d’anémie à leur retour sur Terre. Le phénomène a été baptisé “anémie spatiale” et la cause exacte demeure un mystère. En fait, dans l’espace, les fluides ont tendance à se concentrer dans la partie supérieure du corps de l’astronaute. Jusqu’à récemment, les scientifiques ont pensé que cette maladie était la conséquence de l’adaptation du corps aux conditions d’apesanteur.
Ainsi, les astronautes perdent 10 % du liquide dans leurs vaisseaux sanguins. Les chercheurs pensaient alors que le corps détruisait 10 % des globules rouges pour restaurer l’équilibre. Lorsque des scientifiques ont décidé d’étudier le phénomène de plus près, ils ont découvert que l’anémie spatiale est en fait un effet primaire du voyage spatial.
L’auteur principal de l’étude est le docteur Guy Trudel, un médecin de réadaptation. Il est également chercheur à l’Hôpital d’Ottawa et professeur à l’Université d’Ottawa. Les résultats des travaux ont été publiés le 14 janvier 2022 dans Nature Medicine.
Dans l’espace, le corps élimine plus trois millions de globules rouges par seconde
Sur Terre, le corps humain supprime et génère près de deux millions de globules rouges par seconde. Par contre, la récente étude a révélé qu’il détruit 54 % de globules rouges en plus dans l’espace. Autrement dit, l’organisme des astronautes en élimine trois millions par seconde. Le résultat est le même chez les hommes que chez les femmes.
« Notre étude montre qu’en arrivant dans l’espace, un plus grand nombre de globules rouges sont détruits, et ce phénomène se poursuit pendant toute la durée de la mission de l’astronaute. »
Dr Guy Trudel
Pour réaliser leur étude, les scientifiques ont analysé le taux de destruction d’hémoglobines de quatorze astronautes. Ils sont restés sur la Station spatiale internationale pendant six mois. Le groupe de scientifiques a surtout mesuré la quantité précise de monoxyde de carbone dans les échantillons d’haleine des astronautes. En fait, la destruction d’une molécule d’hème génère à chaque fois une molécule de monoxyde de carbone. L’hème donne la couleur rouge profond des hémoglobines et il sert également au transport des gaz.
L’anémie causée par le voyage spatial est réversible
À leur retour sur Terre, cinq des treize astronautes étaient cliniquement anémiques. Le quatorzième n’a pas eu de prise de sang. Les chercheurs en ont déduit que le manque de globules rouges ne pose pas de problème en apesanteur. Les effets ne se font ressentir que lorsque le corps est soumis à la gravité. Un constat qui est éventuellement valable pour les autres planètes et satellites naturels.
Par ailleurs, l’équipe de Dr Trudel a supposé que l’organisme des astronautes s’est adapté à la destruction accrue d’hémoglobines. Leur corps créerait des globules rouges supplémentaires. Sans cela, ils auraient une anémie sévère et des problèmes de santé importants dans l’espace. Heureusement, le taux de globules rouges revient progressivement à la normale après trois à quatre mois sur Terre.
En outre, un an après le retour des astronautes, les scientifiques les ont à nouveau analysés. Ils ont constaté que l’organisme des sujets détruisait encore 30 % d’hémoglobines en plus par rapport aux mesures avant leur mission. Ces résultats suggèrent des modifications structurelles chez les astronautes durant leur séjour dans l’espace.
Un séjour dans l’espace provoque une anémie spatiale - FREDZONE
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