Rechercher dans ce blog

Thursday, April 7, 2022

Le documentaire «Return to Space», SpaceX à la conquête de l'espace - Le Devoir

Dans un étroit corridor blanc ressemblant à un décor de Star Wars, Elon Musk détaille sa vision de l’avenir de l’exploration spatiale. Devant lui, des astronautes hochent la tête avec intérêt. À leurs côtés, le grand patron de l’agence spatiale américaine, Jim Bridenstine, est fort enthousiaste. Il affiche un sourire en biais, et ses yeux sont remplis d’espoir : le secteur privé vient à la rescousse.

« Ça fait 50 ans qu’on néglige la NASA, dit M. Bridenstine. Et l’administrateur de la NASA que je suis vous dit que c’est un échec national. Mais grâce à des partenariats privés, comme avec SpaceX, on a l’opportunité d’y remédier. »

La scène, tirée du documentaire Return to Space lancé sur Netflix jeudi, illustre que le rêve de l’espace est très fort dans le secteur privé. Un rêve toujours aussi grand, toujours aussi américain, mais maintenant porté pour beaucoup par le monde des affaires.

L’incursion chez SpaceX du couple de réalisateurs oscarisés Elizabeth Chai Vasarhelyi et Jimmy Chin orbite autour du vol « Demo-2 », lancé en mai 2020, qui transportait pour la première fois à bord d’une fusée commerciale deux astronautes vers la Station spatiale internationale.

Grâce à cet exploit, SpaceX, le bébé chéri du milliardaire Elon Musk, bénéficie maintenant de juteux contrats avec la NASA pour ravitailler la station orbitale et y conduire des équipages. Depuis la retraite des navettes spatiales en 2011, les États-Unis devaient compter sur les fusées russes pour envoyer ses propresastronautes au ciel.

« Il fallait qu’on se réinvente totalement, en mettant en place un tout nouveau programme. Et pour ce faire, il fallait qu’on se tourne vers le secteur privé. […] Faire appel au secteur privé, c’était un symbole d’innovation », raconte Lori Garver, une ancienne vice-administratrice de la NASA, dans une entrevue réalisée pour le film.

Vents contraires

Le portrait brossé par Vasarhelyi et Chin — des cinéastes fascinés par les personnages repoussant les limites du possible, comme en témoigne leur documentaire Free Solo sur le grimpeur professionnel en solo intégral Alex Honnold — est résolument positif. Évidemment, les échecs de cette folle entreprise ne sont pas dissimulés, mais servent plutôt à mettre en évidence la ténacité de Musk et compagnie.

L’histoire de SpaceX, fondée en 2002, est effectivement parsemée d’explosions. Son approche, plus cowboy que celle de la NASA, se fonde sur l’essai-erreur. Plutôt que de tout calculer sur papier, on lance une fusée (inhabitée), on la regarde déflagrer, puis on s’ajuste. Cette stratégie lui a permis de développer une fusée réutilisable, capable de se poser sur Terre.

Tous les acteurs du milieu n’ont pas toujours cru que le privé pourrait substituer leurs engins aux navettes spatiales de la NASA. En 2010, devant le Congrès américain, Neil Armstrong avait dit s’attendre à des « conséquences fâcheuses ». L’ex-astronaute Eugene Cernan avait parlé d’un « plan pour aller nulle part ».

« Ça m’a fait beaucoup de peine, parce que ces hommes sont mes héros », réagissait ensuite Elon Musk dans une entrevue télévisée tournée chez SpaceX. « Ça fait mal », dit-il, les yeux rougis par ses larmes contenues. « J’aimerais qu’ils viennent voir ce qu’on fait ici. Ils changeraient d’avis. »

Rêver mieux

Dans la salle de contrôle, l’excentrique entrepreneur est de tous les moments cruciaux. Veston noir, chemise blanche déboutonnée au col, casque d’écoute à la tête : il fait penser à une incarnation contemporaine du fameux Gene Kranz, le directeur de vol des programmes Gemini et Apollo. Si l’exploration spatiale est un spectacle, Musk sait comment y briller.

Musk prend néanmoins une place modérée dans Return to Space, qui donne beaucoup de temps aux astronautes Bob Behnken et Doug Hurley ainsi qu’à leur famille. Le grand patron de SpaceX est cependant celui qui justifie le plus clairement son désir d’espace : il veut voir l’humanité s’établir sur d’autres planètes.

« Une lueur de conscience brille sur Terre, mais depuis peu de temps. Elle pourrait facilement s’éteindre à cause d’une météorite, du réchauffement climatique, voire d’une troisième guerre mondiale. Donc, on se doit de préserver cette lueur de conscience en devenant une espèce multiplanétaire », dit sa voix hors champ alors que des images de la planète bleue défilent.

Est-ce une stratégie marketing ? « Je le connais, il est très, très sérieux », répond en entretien au Devoir Richard Boudreault, un entrepreneur en série, également professeur adjoint à Polytechnique Montréal, qui est notamment impliqué dans une société canadienne voulant produire du carburant spatial sur la Lune.

Selon M. Boudreault, Elon Musk, Jeff Bezos (Blue Origin) et Richard Branson (Virgin Galactic) veulent investir le monde de l’espace pour faire de l’argent avec les ressources ou le tourisme, mais pas seulement : ce sont aussi des rêveurs. « Ces gens provenaient de la nouvelle économie, étaient fortement enclenchés dans une vision entrepreneuriale, et avaient fait assez d’argent pour pouvoir financer leur rêve. »

En parallèle, la NASA paraît très terre à terre. L’agence spatiale désire désormais confier au privé la tâche de lancer et d’exploiter des stations spatiales en orbite terrestre basse. Il y a deux mois, elle a annoncé que la Station spatiale internationale poursuivrait ses activités jusqu’en 2030… avant d’aller s’écraser dans l’océan Pacifique.

À l’avenir, les agences gouvernementales pourraient surtout s’occuper des missions d’exploration spatiale très lointaines, croit Marianne Girard, une astrophysicienne et analyste de données de l’entreprise montréalaise de télédétection GHGSat. « Ces missions peuvent prendre 20 ou 30 ans pour se concrétiser, donc les gouvernements sont bien placés pour les mener, dit-elle au Devoir. Mais même en matière d’exploration, on voit de plus en plus le privé s’investir, notamment avec des projets sur la Lune. »

À voir en vidéo

Adblock test (Why?)


Le documentaire «Return to Space», SpaceX à la conquête de l'espace - Le Devoir
Read More

No comments:

Post a Comment

C'est maintenant ou jamais pour saisir les Samsung Galaxy Buds 2 à prix défiant toute concurrence - Tech & Co

Voici une offre que les mélomanes ne vont pas bouder. Rue du Commerce vous offre une remise de 7 % sur les Samsung Galaxy Buds 2. Vous aim...