On ne sait pas encore très bien en quoi consiste le métavers, ni même s’il portera toujours ce nom, mais le Québec n’a pas le luxe de passer à côté de ses centaines de milliards promis en investissements.
Ces quelques constats, ce sont ceux d’un débat organisé à l’occasion de la conférence C2 Montréal mercredi sur le métavers, devenu depuis 2021 la priorité de Facebook, qui y a déjà investi 10 milliards US. À l’échelle mondiale, selon le cabinet McKinsey, le métavers a déjà attiré des investissements de 120 milliards US en 2022 et pourrait atteindre les 5000 milliards en 2030.
Or, le Québec est à la traîne dans ce domaine, estime un des panélistes, Alexandre Teodoresco, directeur du développement stratégique et de l’innovation chez Les 7 Doigts.
Le train a déjà quitté la gare, nous ne pourrons plus le rattraper. Le Québec est sur le point de devenir un orphelin du métavers.
Alexandre Teodoresco, directeur du développement stratégique et de l’innovation chez Les 7 Doigts
« Pour conserver notre souveraineté culturelle, nous avons besoin que le gouvernement s’implique comme il l’a fait pour le jeu vidéo, que nous ayons une stratégie nationale pour le métavers. »
Le prochain web
Teodoresco a rappelé qu’un « manifeste du métavers québécois » a été élaboré, fruit des discussions de plusieurs acteurs d’ici de firmes comme Behaviour, Felix & Paul et Triptyq Capital. Signe que le sujet n’excite pas les foules, la pétition d’appui qui se trouve à l’adresse metaversquebec.org a recueilli 258 signatures en cinq mois.
L’exercice a le mérite d’avoir proposé cinq notions autour desquelles « un consensus semble s’être formé ». En substance, il s’agit de la prochaine évolution du web, il est interactif, social et en temps réel, offre une expérience durable et n’est pas limité à la réalité virtuelle.
La définition même du métavers est en effet un défi. On identifie généralement la plateforme Second Life, élaborée en 2003 et qui permettait de construire un monde virtuel et d’échanger avec d’autres participants, comme un des premiers exemples de métavers. Les jetons non fongibles, qui sont des certificats d’authenticité ou de propriété enregistrés dans une chaîne de blocs pour des œuvres numériques, sont souvent présentés comme la devise de choix du métavers. Diverses manifestations culturelles, notamment des spectacles exclusifs présentés en 3D, auxquelles on assiste grâce à son avatar, ont été présentées sur des plateformes comme Fortnite, Roblox et Facebook.
Pour Caitlin Krause, fondatrice et PDG de MindWise, « le métavers est un buzzword qui doit être déconstruit. Peut-être que ce n’est même pas le mot qui va demeurer ». Sa firme promet notamment la pleine conscience par le recours à la technologie et utilise aussi bien des outils aussi basiques que des pages web en 2D que des expériences plus élaborées de réalité virtuelle.
« Pour moi, il n’y a qu’une réalité, c’est celle que nous avons dans notre esprit, a-t-elle expliqué. Je parle alors de réalité physique et de réalité virtuelle, où l’important, c’est les interactions sociales, ce qui nous apporte un sentiment d’élévation. »
Créer du contenu
Sébastien Borget, cofondateur et directeur des opérations de The Sandbox, une des plateformes les plus connues du métavers, estime qu’il s’agit d’« une myriade de mondes virtuels où l’avatar devient votre identité numérique », que l’on peut idéalement transporter d’un univers à un autre. The Sandbox propose des dizaines de ces mondes où les joueurs peuvent construire, posséder et monétiser les expériences. Un des défis, a-t-il expliqué, est d’encourager la création de contenus.
Le métavers sera à 90 ou 95 % généré par les utilisateurs. Pour stimuler les créateurs, nous devons leur montrer les possibilités. Pas de contenu, pas de gens.
Sébastien Borget, cofondateur et directeur des opérations de The Sandbox
Chez Les 7 Doigts, on tente en ce moment de trouver la meilleure formule pour reproduire des numéros dans un monde virtuel 3D. Des artistes sont notamment bardés de capteurs qui suivent le moindre de leur mouvement, a expliqué Alexandre Teodoresco.
« C’est un peu une perte de temps de tenter de définir le métavers. Ce que ça peut être pour nous, c’est une nouvelle scène, une frontière de création, une façon de créer de l’émotion là où se trouve une audience […] Wayne Gretzky disait qu’il ne faut pas patiner là où est la rondelle, mais là où elle va être. Nous voulons être prêts à saisir cette opportunité pour être pertinents. »
C2 Montréal | Le Québec, « orphelin du métavers » - La Presse
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