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Sunday, August 20, 2023

Concilier science et traditions avec l'astrophysicienne innue Laurie Rousseau-Nepton - Radio-Canada.ca

Une astrophysicienne à la chasse. Déjà, les premières scènes du documentaire sortent des sentiers battus. Pourtant, c’est « dans le bois » que Laurie Rousseau-Nepton a développé « sa curiosité scientifique ». Car à la chasse comme en astronomie, elle « passe [ses] journées à regarder tous les petits détails, à faire des liens entre les différents éléments qu’elle observe, émettre des hypothèses sur ce qui va se passer ou ce qui s’est passé », explique-t-elle.

Aujourd'hui, Laurie Rouseau-Nepton travaille comme astronome résidente au télescope Canada–France–Hawaï, l’un des plus grands au monde. C’est aussi la première femme autochtone au pays à avoir obtenu un doctorat en astrophysique.

Deux personnes pêchent.

Laurie Rousseau-Nepton à la pêche avec son père Pierre Nepton.

Photo : Office national du film du Canada

Sur cinq épisodes d’une quinzaine de minutes chacun, le réalisateur Patrick Bossé nous transporte du Québec à Hawaï, en passant par le lac Mégantic, pour nous familiariser avec le quotidien de l'astrophysicienne, mais aussi en apprendre sur ses découvertes et les obstacles qu'elle a dû surmonter.

Le documentaire, qui s'adresse principalement aux jeunes, nous invite également dans la quête identitaire de la scientifique. C'est d'ailleurs à l'adolescence que Laurie Rousseau-Nepton a été confrontée pour la première fois à son identité autochtone, quand elle a déménagé dans la communauté de Wendake, en banlieue de Québec. Avant, je ne me posais pas nécessairement des questions sur mes origines, et mon père n'a pas voulu m’en parler trop jeune, car il ne voulait pas que je me sente différente des autres, relate-t-elle.

Je veux partager aux jeunes ce que j'ai vécu, et peut-être qu'ainsi ils ne se sentent pas seuls, confie en entrevue celle qui espère que le documentaire rejoindra des jeunes qui se questionnent aussi sur leurs origines.

Deux personnes devant un télescope, et l'une d'elle pointe son doigt.

Laurie Rousseau-Nepton et la stagiaire Justine Giroux devant le Télescope Canada–France–Hawaii (TCFH).

Photo : Office national du film du Canada

Le film inclut également un volet plus didactique pour expliquer notamment la formation des étoiles ou de l’Univers, à l’aide d’animations. On s’est rendu compte qu’il y avait un manque de ressources francophones en astronomie et qui viennent du Québec, explique Patrick Bossé. En tricotant le projet, on avait une opportunité de faire une série de vulgarisation scientifique pour les jeunes, mais aussi à un public plus large.

Tous les Innus étaient d'excellents astronomes

Les racines innues de Laurie Rousseau-Nepton ont aussi teinté sa manière de concevoir la science. Après avoir consulté les histoires de la tradition orale de sa communauté, elle a pu identifier des constellations innues et les esprits qui y sont associés. Elle a également pu déceler la manière dont les Innus suivaient les saisons et le temps grâce aux étoiles.

Tous les Innus étaient d'excellents astronomes. Ils connaissaient très bien le ciel et les mouvements célestes et les utilisaient constamment. C'est vraiment de l'ingéniosité pure.

Une citation de Laurie Rousseau-Nepton, astrophysicienne

Mais ses racines autochtones et son métier d'astronome se retrouvent parfois en conflit. Par exemple, le télescope sur lequel elle travaille à Hawaï est installé sur une montagne, le Mauna Kea, aussi surnommé la vallée des télescopes, puisqu'on en trouve 13 au total. Pourquoi autant? Parce que cette montagne très haute, isolée des grandes villes et entourée par l'océan Pacifique offre un alignement parfait pour avoir des belles images, affirme la scientifique de 37 ans.

Toutefois, le Mauna Kea est aussi considéré par les Autochtones d'Hawaï comme une montagne sacrée. En 2019, des Autochtones, les Kanaka Maoli, ont manifesté contre la construction d'un nouveau télescope.

Observatoire du Mauna Kea.

Observatoire du Mauna Kea à Hawaï.

Photo : Photo fournie par l'Office national du film du Canada

Je comprends les Autochtones de vouloir reprendre le contrôle de leur territoire et pouvoir décider ce qui s’y passe. [...] Étant donné que c’est un site traditionnel où se déroulent aussi des cérémonies, il faut qu’il y ait un chevauchement des deux types d’activités et il faut que ce soit fait dans le respect.

Je le dis souvent aux gens : "Quand on monte sur le Mauna Kea, c’est comme si on entrait dans une église", poursuit-elle.

La réserve Mauna Kea à Hawaï.

La réserve Mauna Kea à Hawaï.

Photo : Office national du film du Canada

Déconstruire les stéréotypes

Le réalisateur espère que sa série documentaire permettra aux gens d'acquérir certaines connaissances en lien avec l'astronomie, mais aussi d'éveiller la curiosité scientifique chez les jeunes.

Ce dernier souligne également avoir choisi Laurie Rousseau-Nepton comme protagoniste, puisqu'elle incarne un modèle hors des stéréotypes. C'est une jeune femme dans un milieu majoritairement d'hommes et, en plus, c'est une sommité dans son domaine. À un jeune âge, elle mène un projet de recherche avec une dizaine d'autres chercheurs à l'international, explique-t-il.

Aujourd’hui, outre son poste d’astronome résidente à Hawaï, Laurie Rousseau-Nepton a récemment obtenu un prestigieux poste de professeure adjointe au Dunlap Institute for Astronomy & Astrophysics à l’Université de Toronto.

Sa notoriété fait d'elle une inspiration pour les futures générations. Par exemple, deux étudiants autochtones en physique et en astronomie l’ont approchée pour discuter, raconte-t-elle. Elle prendra également sous son aile une Autochtone de la Saskatchewan comme stagiaire prochainement.

C'est une série qui vise à déconstruire les stéréotypes, et on veut que les jeunes puissent s'imaginer dans une carrière scientifique, peu importe leur origine ou leur genre.

Une citation de Laurie Rousseau-Nepton, astrophysicienne
Des personnes marchent.

Laurie Rousseau-Nepton accompagne un groupe d'étudiantes à l'Astrolab du parc national du Mont-Mégantic.

Photo : Office national du film du Canada

La science en soi est très stéréotypée. [Par exemple], le milieu académique est très focalisé sur les technologies et les concepts de base enseignés à l'américaine. Mais la science peut intégrer des éléments de la culture, et notre culture peut influencer la façon dont nous faisons la science, poursuit-elle.

La série se fait également un plaidoyer pour inclure davantage de femmes et de minorités culturelles dans les domaines de la science. Car encore à ce jour, après plus de 15 ans d'expérience dans le domaine, il n'y a pas d'autres femmes autochtones avec un doctorat en astronomie, se désole Laurie Rousseau-Nepton. Mais j'y travaille, assure-t-elle.

L'Étoile du Nord sera disponible gratuitement sur le site de l'Office national du film du Canada à partir du 21 août.

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