Nattoch: Où commence la longue marche vers la réussite ?

Sur les 8 milliards d’humains, seuls quelques dizaines de milliers seront reconnus à l’échelle internationale durant notre vie. Érigés en modèles ou en produits commerciaux, toute une industrie dépend d’eux. Statistiquement, notre chance d’en faire partie est de l’ordre de 0.00001, 1 dix millième.

Même si pour 10 Taylor Swift, Kim Kardashian ou Lionel Messi on trouve 1 Hubert Reeves, dans tous les cas cette reconnaissance vient avec la diffusion médiatique. Ces vedettes savent à la fois choisir le domaine d’intérêt (musique, sport, littérature, affaires, etc.) et jouer le jeu des médias. Notre appétit pour leurs histoires fait le reste.

La reconnaissance internationale couronne le talent, certes, mais aussi la capacité de livrer une performance. Pour ceux que ça n’intéresse pas, ou qui ne la recherchent pas, prenons Warren Buffet par exemple, la reconnaissance vient plus indirectement, mais passe toujours par les médias. Il donne de rares entrevues, a écrit quelques livres, mais ce sont surtout des médias qui l’ont repéré comme investisseur, au sommet des palmarès économiques.

Des chercheurs, le plus souvent inconnus, connaissent leur heure de gloire au moment de recevoir un prix Nobel ou une médaille Fields et retombent rapidement hors du champ médiatique. Ils ne sont pas très «divertissants» sauf quelques exceptions. Il faut consulter les revues savantes pour les suivre et même dans ces publications, les plus reconnus savent mettre en valeur leurs résultats et produire de l’intérêt.

Plusieurs vulgarisateurs connaissent le succès populaire par un mélange de rigueur et de mise en scène qui rendent intéressants des sujets réputés arides. Mais pour la plupart des chercheurs, l'intérêt de leurs travaux suffit à entretenir leur flamme, indépendamment de la reconnaissance publique. Ce qui vaut aussi pour l'essentiel de l'humanité : la satisfaction qu'apporte sa propre activité fournit l'essentiel de la motivation.

La reconnaissance comme critère secondaire

Dans chaque milieu, la reconnaissance est étroitement liée à l’intérêt suscité par une caractéristique qui se démarque : originale, remarquable, rare ou difficile à atteindre. En numérisant cette reconnaissance à coup de «likes», les réseaux sociaux rendent accessibles une mesure objective de l’attention accordée et peuvent ainsi abreuver notre soif de reconnaissance pour leur plus grand profit… avec des effets addictifs reconnus.

D’une certaine façon, le succès financier est une autre forme de «like»: si vous faites beaucoup d’argent, vous attirez l’attention : paparazzis, contrôleurs de l’impôt, voleurs, vendeurs et ceux pour qui l’argent est une valeur suprême, mais qu’en est-il de la satisfaction ? Passé la griserie des grands soirs, que reste t’il devant son miroir ?

Je suis ce que je veux être

Avec 10 likes, certains sont heureux alors que d’autres avec 100 000 vues considèrent que leur étoile pâlit. La comparaison avec un résultat antérieur ou avec la concurrence finit par prendre toute la place jusqu’à remettre en question sa propre échelle de valeur : qui suis-je si personne ne me reconnait ? On existe dans la mesure où on peut créer un effet, mais c’est surtout la considération que l’on accorde à cet effet qui compte.

Pour certains, aider une seule personne les rassure sur leur valeur, bien des enseignants changent des destins mais ne le sauront véritablement que des années plus tard, des infirmières sauvent des vies et la valeur du résultat suffit pout établir leur importance, et enfin d’autres prennent plaisir à emmerder leur entourage, ce qui les rassure sur leurs capacités. Ainsi est démontrée que même si la reconnaissance publique a à voir avec la valeur du résultat, c’est sa considération qui compte pour la personne. C’est nous qui nous l’accordons. Dépendre des autres pour l’obtenir est un leurre.

Oui la reconnaissance publique peut confirmer notre valeur, non elle ne suffit pas pour nous satisfaire. C’est l’essentiel de la leçon à enseigner aux jeunes en mal de réseaux sociaux.

Notre effet est réel même s’il n’est pas reconnu et c’est tout ce qui compte finalement. Ceux qui bénéficient d’une reconnaissance posthume peuvent en témoigner. Leur réalisations, leur courage, leur dévouement et leur attachement à la poursuite de leurs buts, même s’ils ne les ont pas atteints, n’ont peut-être jamais été reconnus de leur vivant mais ils deviennent des sources d’inspiration pour tous les humains, bien au delà de leur popularité. Pionniers, ouvreurs de possibilités, chercheurs inlassables, ils nous font avancer même si les médias n’en savent rien.

La route vers les étoiles peut-être longue, mais la satisfaction d’y progresser vaut bien quelques efforts.

Illustration : Pexels - Pixabay

Références

#StatusofMind - Social media and young people's mental health and wellbeing - Royal Society for Public Health
https://www.rsph.org.uk/static/uploaded/d125b27c-0b62-41c5-a2c0155a8887cd01.pdf

Réseaux sociaux : entre mécanique addictive et curseur social, à quoi sert le "like"
https://www.neonmag.fr/societe-politique/reseaux-sociaux-entre-mecanique-addictive-et-curseur-social-a-quoi-sert-le-like-535020

Les aspirations des élèves concernant la poursuite de leurs études - OCDE (2018)
https://www.oecd-ilibrary.org/fr/les-aspirations-des-eleves-concernant-la-poursuite-de-leurs-etudes_5j90h4nhndjh.pdf

Célébrités

Taylor Swift - https://fr.wikipedia.org/wiki/Taylor_Swift

Kim Kardashian - https://fr.wikipedia.org/wiki/Kim_Kardashian

Lionel Messi - https://fr.wikipedia.org/wiki/Lionel_Messi

Hubert Reeves - https://fr.wikipedia.org/wiki/Hubert_Reeves

Warren Buffet - https://fr.wikipedia.org/wiki/Warren_Buffett