C’est la fête de l’Épiphanie; Noël se poursuit. Afin de prolonger ce temps de paix et de joie, je vous partage le conte écrit pour les enfants de chez nous et raconté lors des messes de la vigile. Pour l’apprécier, il vaut mieux l’accueillir avec son cœur d’enfant.
Le conte met en valeur les étoiles, traditionnellement rattachées à la fête des Rois. Elles nombreuses à ce temps-ci de l’année. Peut-être pas vraiment plus nombreuses, mais plus visibles. Parce qu’on les voit mieux pendant les journées les plus courtes de l’année alors que la noirceur est si dense.
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L’histoire commence juste avant Noël. Comme d’habitude, je m’étais invité dans les foyers de soins de ma paroisse pour célébrer la messe de Noël. Aux Résidences Mgr-Chiasson, lors de l’homélie, j’ai parlé des étoiles qu’on peut admirer pendant les journées qui entourent le solstice d’hiver. Ce soir-là, plusieurs résidants se sont regroupés dans les salons avec une vue imprenable sur le havre de Shippagan. Au-delà de la passerelle, au bout de la mer, des dizaines et des dizaines de lumières clignotaient et brillaient de mille feux. En voyant les étoiles, ils étaient dans la joie!
Ce même soir, j’ai imaginé de jeunes chercheurs en herbe installés dans le nouvel observatoire astronomique du campus de Shippagan. Ces mages des temps modernes scrutent le ciel pour observer les astres, discerner Saturne et Jupiter, nommer les constellations et découvrir des phénomènes inédits. Un étudiant a fait une découverte inouïe depuis quelques semaines. Dans son télescope, il aperçoit des traînées de lumière par centaine. À la vue de ces étoiles filantes, les étudiants éprouvent une grande joie!
Enfin, des gens marchaient sur la place à Le Goulet à la fin d’une belle journée. En regardant la mer, au loin, ils ont vu dans le ciel des étoiles rouges. Belles et lumineuses, elles semblaient tomber du ciel. Comme une pluie qui relie le ciel à la mer. En voyant ces étoiles, ils éprouvèrent une très grande joie.
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C’était la joie aux Résidences-Mgr-Chiasson. On aurait dit que les lumières se reflétaient dans les yeux des résidents. Jusqu’à ce que la directrice vienne leur dire que ce n’étaient pas des étoiles qui brillaient au loin. C’était les lumières au-dessus des éoliennes sur l’île de Lamèque. Peinés, ils sont retournés dans leur chambre, chacun semblant se dire que tout ce qui brille n’est pas une étoile.
À l’observatoire, les étudiants sont allés chercher un professeur qui a monté jusqu’au dôme pour authentifier la découverte de ces météores qui avaient tout pour laisser présager les Géminides. Il a alors dit à l’étudiant qu’il s’agissait probablement de missiles de guerre qui offrent un spectacle de désolation lorsqu’ils s’abattent sur des édifices et des populations. L’enseignant a dit aux astronomes amateurs: «Tout ce qui éclaire le ciel n’est pas une étoile.»
Sur la plage à Le Goulet, quelqu’un d’avisé passait par là et a dit à nos marcheurs émerveillés que les boules de feu qui semblaient tomber du ciel étaient des fusées éclairantes qui lançaient un signal de détresse. Il vaudrait mieux alerter les autorités pour venir à aide à ces gens. Vraiment, se sont-ils dit, «tout ce qui brille n’est pas une étoile».
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Aux Résidences, les bergers étaient déçus d’avoir appris que ce n’étaient pas des étoiles qu’ils voyaient de l’autre côté du havre. En rentrant dans leur chambre, certains avaient reçu des cartes et des cadeaux; d’autres pensaient à la messe célébrée plus tôt; d’autres encore anticipait la visite qu’ils auraient pendant les fêtes. On aurait dit que des étoiles s’allumaient dans leurs yeux.
Au campus, on sentait le découragement. Surtout que les missiles qui tombaient à l’autre bout du monde pouvaient causer la mort de Gazaouis dont plusieurs étudiants internationaux se sentent proches parce qu’ils sont de la même religion qu’eux. Ils se demandaient pourquoi tant de haine? Pourquoi répondre à la violence par tant de violence? Pourquoi l’appui, souvent sans réserve, de l’Occident? Pourquoi tant d’égoïsme dans ces pays riches? Mais ils se sont souvenus de l’accueil de plusieurs lorsqu’ils sont arrivés ici. Des gens ont ouvert les mains pour les accueillir, les vêtir pour l’hiver et leur trouver un toit. Ces gens avaient des étoiles jusqu’au bout de leurs doigts.
À Le Goulet, les marcheurs ont repris la promenade. En baissant les yeux, ils ont vu, au milieu des galets, une étoile qui semblait s’être décrochée du ciel pour venir s’installer chez nous. Une belle étoile de mer! Ils ont réalisé qu’à Noël, le ciel change d’adresse: il s’installe sur la terre. Les étoiles ne sont plus seulement là-haut: elles sont ici-bas. Heureux les yeux qui voient des étoiles s’allumer autour d’eux. Heureux les cœurs qui s’aiment et se réconcilient pour faire briller les étoiles. Heureuses les mains qui cueillent les étoiles pour les distribuer aux autres.
Les étoiles de Noël - Acadie Nouvelle
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