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Sunday, January 7, 2024

Sondage Léger | Quel type de mangeur êtes-vous ? - La Presse

À l’épicerie, êtes-vous le genre à scruter la liste des ingrédients de chaque produit qui entre dans votre panier ? À errer sans but entre les rangées ? La nourriture est-elle pour vous une source de plaisir ? Une tâche qui revient trop souvent dans une journée ? Selon un nouveau sondage, les consommateurs québécois se divisent en huit profils distincts lorsqu’il est question de manger. Et les résultats sont… étonnants. Tour d’horizon.

Au Québec, le quart de la population dit n’éprouver aucun plaisir lié à la nourriture. Surprenant ? C’est ce que révèle un nouveau sondage mené par la firme Léger auprès d’un peu plus de 2000 participants.

Les résultats ont été publiés dans le dernier numéro de Bouillon, un guide destiné à l’industrie agroalimentaire produit par Ilot, spécialisée en stratégie et gestion de marque dans le domaine alimentaire.

« On ne voulait pas uniquement se pencher sur les comportements d’achat des consommateurs québécois, mais aussi sur leur relation avec la bouffe », précise Guillaume Mathieu, cofondateur et associé d’Ilot.

Et les résultats sont pour le moins étonnants. En effet, 25 % des sondés ont répondu que la nourriture ne leur procurait aucun plaisir. L’étude, qui divise la population en quatre principaux profils de mangeurs, les surnomme les « pratico-pratiques ».

Pour les « pratico-pratiques », manger est une tâche à accomplir trois fois par jour. Leur relation avec la bouffe est quasi exclusivement utilitariste – ils laissent peu de place aux découvertes culinaires et les plats prêts à manger font partie de leur routine. Ce sont également eux qui dépensent en moyenne le moins à l’épicerie par semaine, soit 148 $.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Guillaume Mathieu, cofondateur de Ilot

C’est le profil qui a le plus surpris Guillaume Mathieu.

« On a tellement d’émissions culinaires, de livres de cuisine. Et on le sait, Montréal est une ville de restaurants. Ça donne l’impression que les Québécois sont des amateurs de bouffe, mais finalement, pour une personne sur quatre, la dimension du plaisir est absente de la relation avec la nourriture », souligne-t-il en entrevue.

À l’inverse, les « passionnés » représentent seulement 17 % de la population. Comme le nom le suggère, ils aiment découvrir de nouvelles recettes, recherchent la qualité et la fraîcheur des produits. Ils sont de bons consommateurs de vins et de cocktails, et sont également plus enclins à fréquenter les marchés publics et les épiceries fines que les autres profils.

Les « organisés » et les « spontanés » représentent chacun près de 30 % de la population. Dans le premier groupe, 82 % considèrent leurs décisions liées à l’alimentation comme étant totalement planifiées. Ils scrutent attentivement les tableaux de la valeur nutritive et cherchent la bonne affaire. Ce sont eux qui sortent le moins souvent au restaurant.

Quant au second groupe, 70 % se rendent plusieurs fois par semaine à l’épicerie. Les « spontanés » effectuent leurs achats selon leur envie du moment et fréquentent régulièrement les restaurants. Contrairement à d’autres, ils se soucient moins de la qualité des produits et se laissent peu influencer par les promotions et les rabais.

Profils diversifiés

Les quatre principaux profils sont eux-mêmes divisés en quatre sous-profils, soit pratico-pratiques « désintéressés ou fonctionnels », organisés « frugaux ou consciencieux », spontanés « sans chichi ou curieux » et passionnés « sensés ou explorateurs ».

« Les huit profils que l’on trouve sont particulièrement bien campés. Ils sont très différents. Ce n’est pas vrai qu’il y a un mangeur québécois ou un type de mangeur québécois », fait valoir Sébastien Poitras, vice-président, affaires publiques et communication, chez Léger.

C’est la première fois qu’Ilot fait un tel sondage. « Notre objectif, c’est de suivre ces tendances-là année après année, pour éventuellement raffiner les données. La notion du plaisir lié à la bouffe, par exemple, c’est quelque chose qu’on va vouloir creuser », conclut Guillaume Mathieu.

Tendances

Bouillon présente les tendances à suivre en 2024 dans l’industrie agroalimentaire. En voici trois.

PHOTO PASCAL RATTHÉ, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

Avec l’inflation, les programmes de fidélisation ont la cote.

Vive les petits plaisirs !

À l’épicerie comme au restaurant, la hausse des prix des aliments a marqué les esprits. Résultat : les enseignes au rabais comme Walmart et Maxi gagnent en popularité, et les programmes de fidélisation ont la cote. Paradoxalement, la nourriture est souvent le « dernier petit plaisir qu’il nous reste », fait valoir Guillaume Mathieu. L’industrie a tout intérêt à offrir des produits qui favorisent l’indulgence à petit budget : saveurs exotiques, éditions limitées ou saisonnières, prêts-à-manger…

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK CHEF TOUSKI

L’application Chef Touski permet de concevoir un menu en fonction des aliments dans son frigo.

L’IA dans votre frigo

L’intelligence artificielle est utilisée « dans les chaînes et les usines de transformation depuis des années », remarque Guillaume Mathieu. Désormais, elle se trouve entre les mains des consommateurs ! Les applications québécoises Chef Touski ou à MonRicardo+ l’utilisent pour concevoir un menu en fonction des aliments dans son frigo. Dans un avenir pas si lointain, on pourrait imaginer une technologie permettant de composer le menu de la semaine en fonction des promotions ou grâce à des caméras intégrées à son frigo.

PHOTO GETTY IMAGES

La viande cultivée en laboratoire n’est plus une fiction.

Des protéines à base d’air

À Singapour, un restaurant a élaboré un menu entièrement cuisiné avec la protéine synthétique Soléine, obtenue à partir de la fermentation de l’hydrogène dans de grandes cuves. Aux États-Unis, le département de l’Agriculture a autorisé la commercialisation de viande de poulet conçue en laboratoire. Les hauts de cuisse synthétiques n’atterriront pas sur nos tablettes en 2024, « mais c’est dans un horizon plus court que long avant que ça arrive, avec tous les enjeux éthiques qu’on peut imaginer », conclut Guillaume Mathieu.

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